C'est un phénomène nouveau qui touche Limoges de plein fouet : le trafic et l'usage de cocaïne sont en augmentation. Tous les milieux sont concernés. Au-delà de la délinquance, cela pose un véritable problème de santé publique, car cette drogue à l'image festive est surtout très dangereuse.
Notre reportage débute à Limoges, un jeudi soir. Pas besoin de chercher longtemps pour discuter avec de jeunes noctambules qui ont déjà été confrontés à la cocaïne. Les témoignages se ressemblent : "Je le vois sortir sa carte bleue, je lui dis : qu’est-ce que tu fais ? Et en fait, il s’est pris un rail de coke", "En soirée, c’est quelque chose de régulier, beaucoup plus que ce qu’on peut penser", "Par rapport à avant, c’est de moins en moins tabou, le fait d’en consommer".
"C’est le produit qui nous a pris"
Ce phénomène pose un sérieux problème de santé publique.
Julien est suivi par les spécialistes du centre hospitalier Esquirol. Ce n’est pas son vrai nom, il souhaite rester anonyme, car il cherche un emploi. Son expérience est celle de nombreux jeunes : déjà habitué au cannabis, il a rencontré la cocaïne lors de soirées festives : "Ça vous coupe la faim, ça vous coupe l’envie de dormir. Vous n’êtes jamais fatigué. Vous parlez, parlez… C’est bien, surtout pour faire la fête."
Un engrenage s’enclenche. Julien dépense tout son argent et doit même dealer pour financer sa consommation : "Au début, c’est l’euphorie, on est content, ça nous change la façon de penser et d’agir. Et après, on peut plus faire face sans ça. C’est le produit qui nous a pris."
"Craving"
La cocaïne est encore associée aux stars, aux séries américaines, à la fête. Mais son prix relativement bas la rend aujourd'hui accessible. Pourtant, son utilisation provoque des infarctus et des AVC, et cette drogue est particulièrement addictive.
Le docteur Catherine Chevalier, addictologue au centre hospitalier Esquirol, détaille : "On passe d’un effet très haut à un effet très bas, brutalement. On va avoir ce qu’on appelle le "craving", l’envie irrésistible de consommer, qui arrive n’importe quand, n’importe comment, et qui est difficile à gérer. Quand on est dans la descente, on n’est pas bien, on est dépressif, on a des idées noires. Certains ont envie de se suicider. Donc, on a envie d’en reprendre pour se sentir beaucoup mieux."
Prévention
En 2022, la police de Limoges a vu ses saisies de cocaïne augmenter de 110%. Des opérations de prévention sont organisées en milieu scolaire pour informer, et prévenir des risques qui ne sont pas toujours bien mesurés, y compris concernant les sanctions. Olivier Carvennec major de police, explique : "Nous procédons lors des contrôles routiers à des contrôles d'alcoolémie et stups, et on constate notamment 68% de dépistages positifs en matière de stupéfiants en 2022."
Il n’existe pas de médicaments ou de produits de substitution à la cocaïne. Pour s’en sortir, il faut parfois aller jusqu’à s’isoler de son milieu social. Il est beaucoup plus difficile de se sevrer que de se laisser tenter.