À Saint-Germain-les-Belles, en Haute-Vienne, deux scieries sont en difficulté. Leur facture énergétique a été multipliée par cinq et elles n'ont que très peu de marges de manœuvre pour compenser.
Après les difficultés rencontrées par l'unique épicerie du village de Saint-Germain-les-Belles, qui risque de mettre la clé sous la porte en raison de la flambée des coûts de l'énergie, c'est un autre secteur économique de la commune qui est touché : celui du bois.
Deux entreprises de scierie sont implantées sur le même site : la société Puy Mory Bois qui réceptionne les troncs bruts et les découpe, et la société LBAF (Limousin Bois Abouté Feuillus) qui les transforme.
La première a vu sa facture annuelle d'électricité passer de 40 000 € en 2022 à 160 000 € cette année. "On a du mal à voir l'avenir, le bout du tunnel. On ne voit vraiment pas comment ça va se résoudre", lâche Nicolas Ronzaud, le gérant de Puy Mory Bois.
Une activité énergivore
Le patron de la 2e société est tout aussi inquiet. C'est son entreprise qui prend le relais, une fois les grumes de bois découpés, les planches sont acheminées vers le séchoir pour perdre une grande partie de leur humidité.
"Le séchage du bois s'effectue en faisant circuler de l'air chaud entre les planches par le biais de ventilateurs qui fonctionnent 24h sur 24h. C'est une étape qui consomme beaucoup d'énergie. Rien que pour le séchage, la facture est passée de 20 000 € à 100 000 €", précise Raphaël Durand, le gérant de LBAF.
Ces industriels n’ont pas le choix, ils ont dû augmenter leurs tarifs de 8% en 2022 et une seconde hausse devrait intervenir pour palier l’envolée des prix de l'énergie. "L'électricité représentait 2,5% de notre chiffre d'affaires, on va arriver à 10%. Donc là ça devient lourd. Il faut plafonner le prix du mégawatt, et le plafonner au départ pour qu'on n'ait pas besoin de demander des aides", déclare Michel Sarre, directeur général de LBAF.
Des solutions envisagées
La société est parvenue à réaliser quelques économies d'énergie en augmentant la puissance thermique du séchoir pour consommer moins d'électricité. Mais les dirigeants cherchent d'autres solutions.
Une chaudière alimentée en déchets de bois produit déjà l’air chaud du séchoir. À terme, l'entreprise vise l'économie sur l'un de ses bâtiments. Elle prévoit d'installer une turbine à eau chaude pour produire de l'électricité, mais ce ne sera pas pour tout de suite. En raison des délais de livraison, l'équipement ne verra pas le jour avant, au mieux, 2024.
Et les perspectives d’investissements de ces entreprises sont sérieusement pénalisées par les factures exponentielles d’électricité.