À Limoges, "les poupées gonflantes" investissent les manifestations pour faire entendre leurs revendications, non pas grâce à des pancartes, mais grâce à leurs cordes vocales. Des répétitions jusqu'à la rue, nous les avons suivies et écoutées.
Ces chants de lutte vous resteront en tête. Depuis 2020, vingt femmes, réunies sous le collectif des "poupées gonflantes" chantent ensembles, lors des manifestations pour une société "plus juste, humaine, égalitaire, durable et solidaire" comme elles se définissent sur leur groupe Facebook.
Hier, dans les rues de la capitale limousine, aux côtés de celles et ceux qui se battent contre la réforme des retraites, aujourd'hui, elles répètent désormais les airs qu'elles chanteront le 8 mars prochain, lors de la journée des droits des femmes.
Penn Sardin, l'hymne des femmes, Canción Sin Miedo...
Au travers leurs chants de luttes féministes, elles racontent l'histoire de femmes qui ont osé se lever pour de meilleures conditions de vies.
Dès le 20e siècles avec les Penn Sardin, un chant qui raconte la grève des ouvrières des usines de sardines en Bretagne, mais aussi au Mexique, avec l'hymne "Canción Sin Miedo", comprenez "chanson sans peur".
Elles n'oublient pas les classiques français, car le pays des droits de l'homme est loin d’être épargné par les violences. En 2021, en France, 122 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints, selon le ministère de l'Intérieur. Plus localement, en Haute-Vienne, en 2021, les violences sexuelles ont augmenté de 64%, selon un bilan de la Préfecture.
Certains soirs, elles se donnent rendez-vous pour réviser leur répertoire de chants de lutte. Ce soir-là, à l'aube du 8 mars, c'est Petit Bonhomme d'Anne Sylvestre qui est au programme, entre autres. "Le mari de Maryvonne était mon amant, mais il m'appela "bobonne" au bout de pas longtemps, puis je rencontrai sa femme qui me dit "merci, depuis qu'il vous a dans l'âme, il ne vient plus ici" chantent-elles en cœur.
Ça c'est le mari de Maryvonne, c'est une chanson d'Anne Sylvestre qui peut être drôle mais qui montre un petit peu l'inconséquence de certains hommes et surtout l'union des femmes entre elles, c'est ce qui est amusant dans cette chanson.
MarionMembre du collectif « Les Poupées Gonflantes »
"Trimestres en plus, temps partiel majoritairement"
"La femme, de toute façon, a encore de quoi gagner en droits dans la société actuelle" lance Stéphanie, l'une des membres du collectif en marge du cortège pour les retraites et poursuit "les femmes sont lésées depuis des années dans notre société et ça continue. C'est des trimestres en plus, on sait que les femmes sont majoritairement avec du temps partiel".
Le collectif n'est pas né pour rester calfeutré dans des salles de chants. Elles se montrent en prenant régulièrement leur place dans les cortèges des manifestations.
Chanter c'est aussi porter la voix autrement. C'est être à la fois en marche et pouvoir s'unir et diffuser une pensée ou un combat. C’est nettement plus joyeux que juste être arc-bouté sur des choses un peu violentes.
ClaudineMembre du collectif « les poupées gonflantes »
Féministes, utopistes et surtout humanistes
Plutôt utopistes que gonflantes, ces chanteuses ont dans les tripes l'espoir de toucher tous ceux qui pourraient les entendre.
L'une d'entre elle, nous raconte, le regard rêveur, une scène où les hommes prendraient volontiers part à leurs luttes : "j'aimerais bien, par exemple, qu'on se pointe sur un marché, comme ce qu'il se passe en Iran, qu'on se mette à chanter un chant féministe et que là, il y ait plein de mecs qui arrivent et qui se mettent à chanter avec nous." visualise Emmanuelle.