L'une des solutions proposées pour pallier le manque de médecins en France : la création, en 2016, d'un nouveau métier, celui d'infirmier en pratique avancée (IPA). La première promotion, formée en Limousin, est sortie en 2021. Une dizaine exerce aujourd'hui sur notre territoire, en libéral ou à l'hôpital. Portrait croisé de deux d'entre eux.
"Avant toutes choses, l’intérêt de mon métier est d’apporter mon soutien au médecin dans le territoire. Dans le sens où, comme partout, il y a une désertification médicale", explique Frantz Clermont. Ce dernier fait partie de la première promotion d’infirmiers en pratique avancée (IPA) formés à Limoges. Diplômé en 2021, il exerce ce nouveau métier au sein du pôle Mille soins, sur le plateau de Millevaches.
Ces nouveaux professionnels permettent de libérer du temps aux médecins en réalisant une partie de leurs tâches. Ils suivent un master de deux ans leur permettant d’exercer des missions élargies.
De la même promotion, Claire Avril a exercé pendant vingt ans le métier d'infirmière libérale avant de reprendre des études pour acquérir de nouvelles compétences. Aujourd'hui, elle est IPA en cabinet médical et en EHPAD. "Le métier d’infirmière libérale est passionnant, intéressant, mais physiquement aussi très difficile. C’était pour donner un nouvel élan à ma dernière partie de carrière", précise-t-elle.
"Si ça peut alléger le travail des généralistes, je suis enchantée"
À Bugeat, Frantz Clermont prend en charge une partie des consultations du médecin : les renouvellements de traitements et le suivi des malades chroniques. Avec eux, il n'hésite pas à prévoir des créneaux de plus d'une heure. "Si on prend l’exemple d’un patient diabétique, même si ce patient a un diabète de plus d’une dizaine d’années, et bien, il y a des mauvaises habitudes qui peuvent être prises et, mine de rien, on se rend compte qu’en prenant le temps d’expliquer certaines choses aux patients, ils comprennent mieux et une maladie bien comprise est mieux gérée."
Claire Avril intervient sur l'EHPAD de Châteauneuf-la-Forêt une matinée par semaine. Elle voit chaque résident une fois tous les deux mois, en alternance avec leur médecin traitant, ce qui permet un suivi plus régulier. "Dans mon rôle, je vais avoir une visite plus globale, sur la vie du patient au sein de la structure, son quotidien, ses difficultés et la partie aussi de surveillance clinique", détaille-t-elle. "Si ça peut alléger le travail des généralistes, je suis enchantée, contente", se réjouit une patiente de la maison de retraite.
À Bugeat, le médecin généraliste enchaîne les consultations, trente par jour. L'arrivée d'un IPA a été un vrai soulagement.
"Franchement, je commençais à paniquer de ne pas avoir assez de temps pour exercer comme je le souhaitais, c'est-à-dire de prendre le temps pour les patients, parce que trop de patients, comme tout le monde part à la retraite autour...", témoigne Aude Vandenbavière, médecin généraliste à Bugeat.
Vu le contexte actuel de désertification médicale sur toute la France, et pas seulement chez nous, je ne vois pas comment on peut faire sans eux, vraiment.
Aude Vandenbavière, médecin généraliste à BugeatFrance 3 Limousin
"On a des patients qui vont être de plus en plus polypathologiques, qui vont chroniciser certaines pathologies et pour moi l’IPA a son rôle à 100% dans ces missions-là, sans devoir remplacer le médecin. Pour moi, c'est complémentaire", considère Emilie Matonnat-Dauge, médecin coordonnateur à l'EHPAD de Châteauneuf. Pour elle, les IPA sont indispensables en maison de retraite.