Ordinateurs, téléphones et autres tablettes font désormais partie de notre quotidien. De l'illectronisme à l'addiction, nous ne sommes pas tous égaux face à ces outils numériques. Sommes-nous tous esclaves des écrans ? Comment améliorer nos usages alors que l'Intelligence Artificielle ouvre des perspectives vertigineuses ? Dimanche en Politique en Limousin ouvre la discussion.
Le numérique et les écrans occupent aujourd’hui une place de plus en plus importante dans nos vies… Que nous soyons boomer, génération X ou millénial, nous ne sommes pas tous égaux face à ces multiples outils qui nous sont devenus indispensables. 34 ans après l’avènement d’internet, c’est aujourd’hui l’Intelligence Artificielle (IA) qui ouvre des perspectives vertigineuses.
De l’illectronisme à l’addiction : sommes-nous tous esclaves des écrans ?
Comment améliorer nos usages ?
C’est le thème de Dimanche en Politique en Limousin. Annaïck Demars reçoit 3 invités :
- Thibaud Genet, responsable du service éducation et jeunesse à la Ligue de l’enseignement FOL 87, qui intervient notamment dans les établissements scolaires ;
- Thierry Berthier, maître de conférences en mathématiques à l’Université de Limoges et pilote du groupe "Sécurité - Intelligence artificielle - Robotique" du Hub FranceIA ;
- Jean-Marc Vincent, formateur en informatique à l’association Amisclic de Panazol qui propose des sessions notamment à destination d'un public âgé.
Morceaux choisis
Jean-Marc Vincent : "Je pense que la dématérialisation est allée trop vite, surtout dans un pays à la population vieillissante comme le nôtre. En plus, on a une accélération sur ces dix dernières années avec l'arrivée des téléphones portables, des tablettes... Je crois qu'on aurait dû un tout petit peu attendre, laisser à une génération au moins le temps de se former.
Cet illectronisme crée des angoisses. Les gens qui viennent dans notre association sont des gens qui ont peur d'être perdus, largués.
Jean-Marc Vincent, formateur informatique à l'association Amisclic
Thibaud Genet : "Les recommandations en France, c'est pas d'écran avant trois ans. La présence régulière des écrans au quotidien va entraîner des retards d'apprentissage, de langue, de construction, de la mémorisation et il y a une habitude qui se créé.
L'écran rentre dans des habitudes de consommation quotidiennes et on ne fait plus attention. On se retrouve alors avec des ados et des jeunes adultes qui passent 40 à 60 heures par semaine sur leurs écrans et les parents sont parfois dans le même état car justement, il faut aussi se questionner sur sa propre consommation.
Thibaud Genet, responsable éducation et jeunesse à la Ligue de l’enseignement FOL 87
L'Intelligence Artificielle, les perspectives vertigineuses
Les perspectives vertigineuses de l'Intelligence Artificielle générative suscitent beaucoup d'inquiétudes et posent de nombreuses questions sur lesquelles l'Europe va d'ailleurs légiférer. Thierry Berthier explique : "Il y a beaucoup de buzz en ce moment sur l'IA, on est aussi dans une démesure car pour être entendu, il faut toujours aller un cran plus loin. L'écrivain et historien Yuval Noah Harari a dit que les IA génératives allaient sonner la fin de l'Histoire humaine. On est dans une débauche connue de tout temps. Depuis 2000 ans, tous les 100 ans, on a des gens qui, comme dans Tintin, sonnent la cloche et disent la fin du monde est pour bientôt".
L'aspect positif des IA est très important : changer notre rapport au travail, faciliter les taches difficiles. Si vous couplez ces IA générales avec de la robotique qui faut beaucoup de progrès aussi, on a les bras et la tête, on fait un saut supplémentaire, pour le meilleur ET pour le pire, car il y aura forcément les deux.
Thierry Berthier, maître de conférences en mathématiques à l’Université de Limoges, spécialiste en Intelligence Artificielle et robotique
Sur les potentielles suppressions d'emplois provoquées par les progrès des IA génératives estimées à 300 millions d'emplois dans le monde par la banque Goldman Sachs. Thierry Berthier : "Il y a une blague qui circule en ce moment dans les milieux liés à l'informatique ou l'IA, c'est de dire : la réforme des retraites va nous faire travailler deux ans de plus, mais Chat GPT va nous faire travailler 40 ans de moins. Je pense que la classe politique surtout les plus jeunes a pris conscience que ça aura un impact social, sociétal. Après, est-ce qu'on est préparés ? C'est une autre question... "