Ce jeudi soir, les élus de Limoges Métropole ont examiné un dossier majeur pour l'avenir de ce territoire : le projet de bus à haut niveau de service, le BHNS. Un projet à hauteur de 200 millions d’euros qui, ces derniers jours, a crispé les relations entre certains élus. Pourtant, la délibération hier consacrée à ce projet a été votée presque à l'unanimité.
« C’est insupportable ! », les mots sont ceux du maire de Limoges à l’adresse de Gilles Bégout assis à sa gauche lors du conseil communautaire de l’Agglomération de Limoges. En pleine séance, la confrontation et la tension sont palpables. Les deux élus s’opposent sur le projet. Mais, ceux qui s’attendaient à une séance houleuse, en sont sortis déçus. À peine quelques échanges aigres-doux entre les deux élus qui s’étaient empoignés, par presse et lettres interposées.
D’un côté, Gilles Bégout, le maire d’Isle qui a rendu sa délégation transport, il y a quelques semaines, accusant le maire de Limoges de ne pas jouer le jeu. De l’autre donc, Emile-Roger Lombertie qui estime que le dossier manque de solidité.
« La ville de Limoges a des rues qui ont des largeurs qui ne permettent pas tout, donc il faut vraiment travailler les parcours des bus, des voitures, les déplacements doux (vélos, trottinettes), de telle manière que personne ne soit gênée, et de telle manière que le bus fonctionne bien », rappelle le maire. Même s’il admet que « c’est un dossier extrêmement difficile, et nous sommes proactifs, et volontaires », lance-t-il à ceux qui l’accusent d’immobilisme.
Ce qui n’a pas empêché le maire de Limoges, de voter la délibération consacrée à ce Bus à Haut niveau de service. Tout comme d’ailleurs son voisin de table, Gilles Bégout, fervent partisan du projet.
« Aujourd’hui, on a deux solutions, soit on reste comme on est, soit on essaie d’améliorer ce service de transport en commun qui est un vrai service public. Et pour l’améliorer, il faut commencer par améliorer la vitesse commerciale. Et la seule façon d’améliorer la vitesse commerciale, c’est d’avoir des sites propres et d’avoir tout le système autour du BHNS », prévient le maire d’Isle.
Quand on lui demande si c’est un bon projet, le maire d’Isle en charge des transports à l’Agglomération de Limoges confirme : « Si vous regardez toutes les communautés urbaines de notre dimension, elles ont un BHNS. Allez voir à Bayonne par exemple, ou à Lorient et vous verrez », attaque-t-il, résolu à la sortie de la réunion. Avant d’ajouter pour illustrer son argumentation : « Je m’y suis rendu exprès en les empruntant moi-même pour m’en rendre compte et m’en faire une idée, avec toute une équipe. Et je peux vous dire que, contrairement à ce qui a pu être dit, le travail de l’équipe qui a préparé ce dossier ne peut pas être discuté ».
Quand on lui demande si on entre dans le dur, il complète que : « maintenant, on passe dans l’opérationnel. On va passer à la maîtrise d’œuvre, et c’est là où il va falloir, mètre par mètre, implanter ce transport en commun, implanter les vélos. C’est un projet global. On a les bus, on a les vélos, on a les piétons, on a les voitures, évidemment, parce qu’il ne faut pas les opposer », prévient Gilles Bégout.
Au bout d’une heure trente, l’affaire est pliée. Unanimité moins une voix, pour le bus du futur. Le président de Limoges métropole, spectateur amusé de cette joute, en apprécie la portée.
« L’interco ce n’est pas de la supra-intercommunalité, donc ça nécessite beaucoup de temps, beaucoup de discussions, beaucoup d’échanges pour trouver des consensus et pour faire avancer des projets. Vous savez, ce territoire souffre depuis des décennies d’absence de recherches de consensus, où chacun y va de son petit laïus. Il faut qu’on fasse en sorte de tous tirer dans le même sens. Ce projet BHNS, comme beaucoup de projets d’aménagement du territoire, il faut des consensus politiques, car sinon ça ne pourra pas fonctionner », se satisfait Guillaume Guérin, Président (LR) de Limoges Métropole.
Reste maintenant à tirer les leçons de cette crispation. En réajustant le tir pour que les futurs travaux soient acceptés par les maires de ce territoire. La recherche du consensus, encore et toujours.