La ville de Limoges s'engage de nouveau contre les violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles avec une sensibilisation des professionnels de santé, alliés incontournables pour aider les victimes. Car les solutions sont nombreuses, mais pas toujours connues ou utilisées.
En France, le nombre de plaintes pour des crimes et délits à caractère sexuel a bondi de 24% entre 2020 et 2021.
En effet, au moment de la crise du Covid-19 et des confinements de 2020 et 2021, les structures d'aide aux victimes de violences sexuelles et/ou intrafamiliales n'ont jamais reçu autant d'appels. "C'était catastrophique", se souvient Stéphane Razgallah, directeur de pôle de l'association ARSL spécialisée dans la lutte contre l'exclusion sociale.
D'après une étude de données réalisée par la plateforme Open Data Gazette, Limoges a d'ailleurs enregistré l'évolution la plus importante des villes de plus de 100 000 habitants avec une augmentation de 81% des plaintes entre 2020 et 2021.
Mais selon, Catherine Boisseau, directrice de France Victime 87 : "Il faut que les gens comprennent que cette hausse est aussi le signe d'une libération de la parole." Une bonne nouvelle dans le combat contre ces violences, mais il reste du travail à faire pour informer les victimes.
L'accompagnement comme clé de la liberté
Pour lutter contre cette mésinformation, la mairie a récemment lancé une nouvelle campagne de sensibilisation, destinée aux professionnels de santé. Un document qui recense tous les lieux ressources a été transféré à 800 professionnels basés à Limoges, "pour que les pharmacies, médecins, sages-femmes, etc puissent renseigner leurs patientes. Parfois, les femmes victimes ne savent pas comment se faire aider. Il faut comprendre que souvent, elles sont surveillées donc un rendez-vous chez le dentiste est le seul moment où elles peuvent se confier", explique Samia Riffaud, élue (SE) de la mairie aux Affaires sociales.
Chez le dentiste, elle est seule. Lui n'est pas là, ou alors dans la salle d'attente, donc elle peut se confier à ce moment-là.
Samia Riffaud, adjointe (SE) aux Affaires socialesFrance 3 Limousin, rédaction web
Il existe, en effet, de nombreux lieux d'accompagnements, de la simple écoute au suivi juridique et médical.
"Il faut sans cesse faire des piqûres de rappel"
Au pôle urgence et insertion de l'ARSL, Stéphane Razgallah et son équipe proposent des hébergements d'urgence (un mois), mais aussi de moyenne durée (six mois), ainsi qu'une ligne téléphonique accessible 24h/24h et 7j/7 et un accueil de jour pour tous.tes. "Nous nous occupons principalement de sécuriser et de mettre à l'abri des victimes et leur famille si cela s'impose."
Après avoir rencontré les victimes et évalué leur situation, ces professionnels les rassurent et les orientent vers les travailleurs sociaux qui pourront leur fournir un accompagnement social, juridique et psychologique.
Catherine Boisseau, elle, réalise un suivi psychologique et une aide juridique. "On est la porte d'entrée vers la justice pour toutes les victimes." Avec le Centre communal d'action sociale de Limoges, l'association France Victimes prévoit des permanences tous les jours de la semaine au commissariat de police de Limoges "pour accompagner les victimes dans un moment qui n'est pas facile et les aider dans leur dépôt de plainte, sans avoir l'uniforme de la police", explique-t-elle. Il y a trois ans, l'intervenante du CCAS y était à mi-temps. Aujourd'hui, une écoute active des victimes est proposée tous les jours de la semaine pour rediriger les victimes vers des travailleurs sociaux, des médecins ou des avocats. "Nous sommes les premiers secours, alors il faut offrir un accompagnement complet à ces femmes en danger", conclut l'adjointe du maire de Limoges.
Plus on informe, mieux on peut accompagner les victimes à plusieurs moments de leur parcours.
Catherine Boisseau, psychologue à France Victimes 87.France 3 Limousin
Toutes et tous pointent l'importance de continuer à informer le plus grand nombre sur les actions mises en place par les municipalités, les travailleurs sociaux et juridiques ou encore les psychologues.
Proposer son aide, même en cas d'échec
Lorsqu'il s'agit de violences perpétrées dans un contexte conjugal, il faut comprendre que la victime est sous emprise, donc toute main tendue est une occasion d'en échapper. Selon l'élue et adjointe au maire de Limoges (SE), Samia Riffaud, "il faut que l'information arrive au bon moment, pour que le déclic se fasse chez la victime." Ce que Catherine Boisseau explique aussi, en rappelant l'importance de la communication : "grâce à toutes ces campagnes, les victimes brisent le silence, mais il faut sans cesse faire des piqûres de rappel."
Stéphane Razballah, lui aussi, confirme cette réalité difficile. "Les victimes de violences conjugales dont nous recevons les appels sont victimes de tout type de violence, physique, psychologique et/ou sexuelle. Lorsqu'il s'agit de violences conjugales, les contextes familiaux induisent parfois que les victimes retournent dans leur foyer. Quand les violences reprennent, mais qu'un jour, elles décident de partir, il faut être là."
Alerter, aussi, le citoyen lambda
Quand les victimes, n'arrivent pas à échapper seules de l'emprise, c'est un proche, un collègue ou un voisin qui peut les sauver. "Il arrive souvent qu'une personne nous informe d'une situation à risque de leur voisine ou leur collègue. Cela concerne près de 7% de nos appels", note le directeur du pôle urgence et insertion.
Si les campagnes de sensibilisation sont fréquentes, c'est pour rappeler aux victimes qu'il existe des lieux pour leur porter secours, mais aussi pour alerter toute personne sur ces phénomènes. Pour rappel, on estime qu'une femme sur dix est victime de violences conjugales en France.
Le récapitulatif de toutes les ressources citées est à retrouver sur le site de la mairie. Ici, les contacts des lieux de secours.