"Demandez Angela" : à l'occasion de la journée internationale du droit des femmes, le dispositif Lanterne et le Plan Angela sont lancés à Limoges. Les personnes menacées pourront franchir le pas de la porte d'un commerce partenaire et labellisé pour demander du soutien.
Les autocollants "Demandez Angela" fleurissent tout du long des vitrines des boutiques de la rue Adrien Dubouché, à Limoges. Leurs objectifs : que ces commerces deviennent des lieux refuges pour les personnes victimes de violences.
"Au moment des courses, lorsque les femmes savent qu'il faut rentrer à la maison, il y a l'angoisse qui revient et c’est à ce moment là où nous, on peut intervenir", explique Léa Chicouard, gérante du magasin Petit Plateau et toute jeune recrue du dispositif Lanterne.
"Ces questions de violences, ça ne peut plus être juste une fois dans l'année, avec une date forte"
La porteuse du projet, c'est bien Angel, la coordinatrice de l'association "Les Affolé-e-s de la Frange" qui œuvre depuis 2020 pour ce projet de "lieux sûrs" appuyés par les commerçants. Voici son témoignage à notre micro il y a trois ans.
Selon Angel, ces questions doivent désormais concerner tout le monde et tout le temps : "à un moment, ces questions de violences, ça ne peut plus être juste une fois dans l'année avec une date forte. Ça ne peut plus être juste des associations, une institution. Ça doit vraiment être l'action de chaque individu qui compose cette société," souligne-t-elle, alors que l'atelier de formation au Plan Angela débute.
Cet endroit, ça sera comme une pause, se dire ok, là, je suis en sécurité, je vais pouvoir discuter avec quelqu'un qui va pouvoir m'aider, me proposer des outils et des solutions à un moment où je ne suis pas capable d'en trouver.
Léa ChicouardGérante du magasin Petit Plateau
Utiliser les bons mots
Accueillir une personne victime de violences ne s'improvise pas. Avant de pouvoir accrocher l'autocollant "Demandez Angela" au-devant de leur vitrine, les commerçants suivent une formation dispensée par Angel.
Elle leur prodigue les conseils pour orienter les victimes et les bons mots à adopter. "Ça va aller, on te croit, tu as bien fait de venir, tu n'es pas seule, c'est lui qui est en tord, c'est lui le coupable : ce sont des choses qui sont importantes à redire" rappelle Angel.
De l'autre côté du vidéoprojecteur, Vincent Le Goff, commerçant de la rue Adrien Dubouché, se dit rassuré, "on se dit qu'on a un rôle à jouer aussi, c'est un peu angoissant aussi parce qu'on se dit qu'on a une responsabilité supplémentaire" avoue-t-il.
"En milieu rural, tout le monde se connait"
À la campagne aussi, des dispositifs existent. Depuis deux ans, à Saint-Léonard-de-Noblat (87), une dizaine de commerçants veillent à la sécurité de leurs clients. Thomas Basset est pharmacien dans le centre de la commune, il a pu recueillir la détresse d'une femme dans son commerce.
On a détecté des signaux qui nous ont alerté sur une probable maltraitance. C'est pour ça qu'on a pris cette personne dans un espace de confidentialité pour qu'elle nous explique son quotidien et la maltraitance qu'elle avait pu subir par son mari.
Thomas BassetPharmacien à Saint-Léonard-de-Noblat (87)
"Je me sens moins seule"
Le dispositif porte ses fruits. Une dizaine de personnes ont pu s’extirper de ces situations grâce à l’attention accrue des commerçants.
Après des années de mutisme et d'insultes de la part de son compagnon, une femme témoigne anonymement, après avoir réussi à quitter le domicile conjugal.
Je me sens moins seule. Je me dis qu'il y a d'autres personnes qui s'en préoccupent et qui sont là pour aider et ça, c'est très important.
Femme anonyme
Des lieux plus qu'essentiels, car la violence ne s'arrête jamais. Plus facilement dénoncée, notamment grâce au mouvement MeToo, les violences conjugales ont augmenté dans les trois départements du Limousin. En Haute-Vienne, ces violences sont augmentées de 20%.