À Limoges, au centre hospitalier Esquirol, une unité prend en charge les délinquants sexuels condamnés. L'objectif étant de prévenir toute récidive. L'un d'eux a accepté, sous couvert d'anonymat, de confier son ressenti.
La cour d'assises de la Haute-Vienne examine en ce début du mois de décembre et pendant encore 10 jours des affaires de violences sexuelles. Des infractions qui représentent 40 % des procès en France. Au Centre Hospitalier Esquirol, à Limoges, l'unité Michel Foucault prend en charge les délinquants sexuels condamnés.
Dans cette unité les auteurs de violences sexuelles suive un accompagnement soit sur injonction du tribunal dans une condamnation pour agression, soit par leur propre volonté. C'est le cas d'un jeune majeur qui prolonge ici ses soins depuis 5 ans et qui a accepté de témoigner sous couvert d'anonymat.
"J'avais vraiment peur de mes pulsions"
"Je ne me rendais pas vraiment compte du mal que je faisais et petit à petit je m'en suis rendu compte. J'ai cherché à voir des psychologues qui me traitaient de monstre, qui étaient vraiment violents avec moi, ce qui n'a pas amélioré les choses au point de tomber dans une spirale infernale. Jusqu'au jour où j'ai été arrêté par les gendarmes, à l'âge de 17 ans. Ca a été un choc pour moi comme pou ma famille et c'est à ce moment là que j'ai décidé que je voulais vraiment me soigner. La première chose que j'avais demandé c'était une castration chimique car j'avais vraiment peur de mes pulsions, de faire du mal à nouveau. Puis j'ai appris au fil des années à me contrôler. Je n'ai pas envie de faire du mal à des enfants, surtout que j'ai rencontré dans des groupes de parole des personnes qui ont été victimes d'abus sexuels quand elles étaient mineures, ça m'a profondément touché et j'ai compris quel mal j'ai fait". Psychologues et psychiatres tentent de comprendre, aident à poser des mots sur des ressentis."Je n'ai pas été victime d'abus sexuels mais j'ai été victime de violences physiques et psychologiques par des adultes, quand j'étais enfant. Je me suis réfugié dans le monde de l'enfance et ma sexualité a dévié vers eux comme ça, naturellement", lâche-t-il.
La prise en charge psychiatrique vise à éviter à tout prix un nouveau passage à l'acte. "J'ai quelque chose d'important à dire quand on est pédophile et qu'on affronte la pédophilie, il est très difficile de l'affronter seul. J'ai essayé de l'affronter seul et à chaque fois c'était un échec", explique le jeune homme.
L'unité Foucault suit environ 270 patients par an, depuis 10 ans.
Un reportage d'Isabelle Rio, Robin Droulez et Bastien Boulesteix.