Violences urbaines après la mort de Nahel. Compréhension, colère et rejet des incivilités : paroles d'habitants dans les quartiers de Limoges

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Après trois nuits de fièvre, Limoges est resté calme. Aucun incident n’a été recensé dans la nuit de samedi à dimanche. Il faut dire que les forces de l’ordre étaient encore très présentes, patrouillant sans cesse entre quartiers dans une ville quasiment déserte. ©France Télévisions

Après trois nuits de fièvre, Limoges est resté calme et aucun incident n’a été recensé dans la nuit de samedi à dimanche. Il faut dire que les forces de l’ordre étaient encore très présentes, patrouillant sans cesse entre quartiers dans une ville quasiment déserte. L'occasion pour notre équipe de partir à la rencontre des habitants pour connaître leur point de vue sur les événements des derniers jours.

Dans le quartier de Beaubreuil, il règne une ambiance de couvre-feu. D’habitude, le samedi soir, la cité est animée. Mais, ce samedi 1ᵉʳ juillet à 20 heures, peu de monde s’aventure dehors. Si ce n’est sur le stade de football fréquenté par des habitués du club qui ont des positions très franches sur les violences urbaines.

Casquette vissée sur la tête et chevelure abondante, un jeune homme de 21 ans dit connaître des participants aux émeutes. « Il y a des points de rendez-vous. Ce soir, ça va être le feu, je pense. Ils ont raison. Il faut une justice pour Nahel. Si ça continue, ça va mal finir ». 

Jennifer, membre du club de foot de Beaubreuil dit, elle aussi, comprendre. Elle connait les jeunes du quartier depuis qu'ils sont petits. « C'est comme si c'était leur frère, un des leurs qui avait subi la même chose. J'aurais réagi pareil. Même si ça fait des problèmes à côté, car ce n'est pas bien ce qu'ils font. C'est la vie qui veut ça. Je comprends en partie leurs actions. Ça fait du mal à certaines personnes aussi. Mais, ça va s'arranger. »

Pourtant, à la surprise générale, la nuit va être calme. Les forces de l’ordre sont omniprésentes. Un hélicoptère de la gendarmerie surveille la ville. Des patrouilles de gardes mobiles vont et viennent. Même le quartier du Val de l’Aurence, traditionnellement agité, est silencieux.

À trois heures du matin : un constat s’impose. Les émeutiers ne bougeront pas.

"Ils trahissent l'image du quartier"

Pour le plus grand soulagement des habitants du quartier qui, ce dimanche matin 2 juillet, se sont réveillés en douceur, mais qui, pour certains, sous couvert d’anonymat, ne cachent pas leur colère.

C'est pas comme ça qu'on se venge, en attaquant des innocents, des gens qui ont mis longtemps à monter leur commerce. Tout casser et tout voler, c'est pas de la haine ou de la colère, c'est du vol. Ce qui m'inquiète, ce sont les petits qui suivent. Ils prennent un mauvais exemple.

Aïcha

à France 3 Limousin

Ce point de vue est partagé par d’autres riverains de La Bastide, notamment. Y compris parmi les plus jeunes qui s’adonnent à leur sport favori. Dans le gymnase à la peinture écaillée, une quarantaine d'adolescents jouent au basket. Un moment de détente après ces nuits harassantes.

Nadir est en colère. Natif du quartier, il se bat depuis longtemps pour en changer l'image. "Je fais énormément d'animations pour redonner vivacité, couleur et joie de vivre. Je trouve ça totalement scandaleux ce qui se passe. Ce n'est pas glorieux, ni intelligent de faire ça dans notre quartier, ce ne sont pas nos histoires, même si la mort de Nahel nous a touchés profondément. Ceux qui font ça disent qu'ils veulent donner une bonne image de la Bastide, mais ils trahissent l'image du quartier. »
Il réclame des caméras et plus de sécurité. Chacun de ces habitants redoute que leur cité ne s’embrase à nouveau. Privant encore un peu plus ce mouvement de colère de son soutien dans les quartiers populaires.

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