Alors que les cinémas, musées et autres lieux culturels sont fermés, les médiathèques restent ouvertes. Un peu partout, elles font le plein d'abonnés pour qui elles représentent le dernier accès à la culture en dehors de la maison.
"Le Bon, la brute et le truand", "L'Inspecteur Harry", "Mistic River", "Sur la route de Madison", "Million dollar baby", "La Mule"... Autant de classiques du cinéma associés à un visage bien connu : celui de Clint Eastwood. Depuis le début du mois et jusqu'à fin avril, la médiathèque d'Oradour-sur-Vayre, en Haute-Vienne, propose de replonger dans l'univers de la star américaine grâce à une exposition. Au menu : les films de l'acteur et réalisateur, bien sûr, mais aussi des biographies, des bande-originales, des affiches et les romans dont sont inspirés ses films.
Ces documents proviennent de la médiathèque et du fond de la Bibliothèque départementale de la Haute-Vienne.
"L'idée de cette exposition est venue d'une collègue (Emilie Bochard) qui est diplômée d'un master en cinéma et qui est passionnée par les films de Monsieur Eastwood", explique Chloé Manciet, agent du réseau des médiathèques.
Temps fort de cette exposition : un ciné-échange était proposé jeudi 22 avril 2021 à la médiathèque. De quoi retrouver un peu l'ambiance et le plaisir du grand écran, même si le nombre de spectateurs était limité à 5 pour cette projection. La séance, qui a été suivie d'un échange autour de l'artiste, a affiché complet.
"Même si la limite du nombre de participants est frustrante, nous sommes ravies de retrouver nos abonnés pour ce type d'événement", se réjouit Chloë Manciet.
Car, même s'il est difficile de s'y retrouver dans ce 3e confinement, les médiathèques font partie des lieux qui échappent à la fermeture. Réouvertes depuis novembre, elles comptent parmi les rares derniers bastions culturels encore accessibles au public. "Cela permet d'emprunter des documents, des nouveautés"... Et avec les plus de 30 000 documents disponibles il y a de quoi faire !
L'autre avantage de cette ouverture, c'est de permettre de garder le lien avec les abonnés.
Ici, nous avons un lien privilégié avec les gens. Certaines personnes viennent jusqu'à 3 fois par semaine, on les connaît. On connaît les personnes isolées. C'est un métier culturel, mais en zone rurale, on a aussi un rôle de lien social
Ce qui est moins le cas dans les grandes villes. Depuis quelques semaines, le réseau enregistre une hausse de ses abonnements.
1er outil culturel en milieu rural
La médiathèque d'Oradour-sur-Vayres fait partie du réseau Ouest-Limousin. Né en 2017 avec la fusion de deux collectivités, ce réseau compte 6 médiathèques (Cognac-la-Forêt, Cussac, Marval, Oradour-su-Vayres, Saint-Laurent-sur-Gorre et Saint-Mathieu).
"On essaie en général d'organiser des expositions tous les mois ou tous les deux mois autour de thèmes très variés qui vont de la petite enfance à l'adulte", explique Isabelle Cabane, la responsable du réseau de lecture publique de l'Ouest-Limousin. Dès le départ, le réseau a mis en place un programme d'animations sur l'ensemble du territoire. Car depuis les années 2000, le rôle des bibliothécaires a évolué.
Nous sommes des médiateurs du livre. On met le livre en avant, mais on propose aussi de nouvelles choses (lectures en ligne, rencontres littéraires, etc.). Car nous sommes le premier outil culturel du territoire.
Un outil plus que jamais nécessaire alors que les salles de spectacle, les cinémas et les musées restent fermés.
La BFM ouverte tous les jours
A la Bibliothèque Francophone Multimédia (BFM) de Limoges, on enregistre également une augmentation de la fréquentation ces derniers temps.
"Nous disposons d'un outil assez fiable, il s'agit d'un faisceau vidéo, qui calcule le nombre d'entrées en temps réel et ces derniers jours nous avons presque atteints la jauge qui nous est imposée (350 personnes)", explique Julien Barlier, directeur de la BFM de Limoges.
Difficile pour autant de mesurer précisément cette hausse de fréquentation, car deux éléments sont à prendre en compte. Depuis le début de l'année, la gratuité de la BFM a été instaurée pour l'ensemble des 20 communes de l'agglomération limougeaude, ce qui a engendré un surcroît du nombre d'entrées.
L'autre élément, depuis le début du 3e confinement, est que si la médiathèque reste ouverte, elle a dû réduire ses horaires d'ouverture : "Entre les gardes d'enfants, les cas contacts... notre équipe est fragilisée. Actuellement nous ne sommes plus que la moitié sur site. Mais nous avons tenu à maintenir une continuité du service", poursuit Julien Barlier. Pour cela, la BFM est passée de 48 heures d'ouverture par semaine à 30 heures. Mais elle parvient à garder une ouverture quotidienne.
Car ici aussi, la BFM reste l'un des rares moyens d'aller chercher la culture en dehors de chez soi : "Depuis mai 2020, nous avons réussi à mettre en place une ouverture "tronquée" et nous sommes restés ouverts. Les gens se sont habitués à ce que la BFM soit ouverte et comme ils ont moins d'appréhension par rapport aux risques sanitaires, ils viennent".
Le bouche à oreille fonctionne et les gens sont contents de savoir qu'il reste la BFM pour aller chercher de la culture autrement qu'à la maison. Souvent, ils nous remercient d'être ouverts
La littérature en ligne
Pour ceux qui aiment également qu'on leur raconte des histoires, les médiathèques offrent des lectures en ligne. Depuis Noël, le réseau des médiathèques Ouest-Limousin propose tous les mardis soir sur son compte facebook une histoire pour les enfants qui réunit près de 200 abonnés : "Les mardis soir , j'écoute une histoire". La BFM propose également des podcasts et des vidéos pour aller à la rencontre d'écrivains ou écouter de la musique.