"Mon voyage, il se fait à l'intérieur" : parti pour tailler la route en camion, il est confiné à Saint-Priest-Taurion

Il se destinait à une vie de nomade, il avait tout vendu pour "tailler la route" dans son camion et puis le coronavirus est arrivé, comme un couperet, entre la Bretagne et l'Espagne. Pascal nous raconte sa vie de confiné au bord du Taurion avec son chien Gaston, ses photos et son voyage intérieur.

A 57 ans, il s'est dit : "c'est le moment ! Après, je serai trop vieux, j'aurai moins la forme".
Vendue, la maison du Cap-Sizun, en Bretagne.
Acheté, le camion qui sera son sésame vers une vie plus libre, plus authentique. Avec Gaston, son fidèle labrador depuis 9 ans.

 




Pascal Nieto a longtemps été photographe, puis le virage du numérique est arrivé et il a fallu se reconvertir. Comme graphiste, cet ancien parisien installé en Bretagne créa même le logo du Cap-Sizun en 2018.  Mais les temps sont durs et l'argent rentre peu. 

Je me suis dit : t'as plus les moyens d'avoir une maison, t'es séparé, ton fils est grand, alors j'ai vendu assez vite et partagé le pécule en trois : une partie que je garde pour acheter un petit pied-à-terre (une cabane repérée à Treignac en Corrèze), une autre qui sert de fonds de roulement et la dernière pour acquérir un camion aménagé pour voyager.


C'est donc à bord de son Fiat Ducato, un "fourgon de transition" que Pascal se rend à Bordeaux à la mi-mars 2020 chez un spécialiste de l'aménagement des camions pour discuter de son futur véhicule. Mais le confinement est décrété, l'usine arrêtée, et le voyage s'arrête avant d'avoir commencé.

"Nomade immobile cloué sur place par un virus"


"J'ai très vite rejoint le Limousin, où une amie m'a gentiment proposé de me prêter un appartement, mais au bout de deux heures, je suis ressorti, j'étouffais, alors j'ai dormi dans mon camion. J'aimais déjà beaucoup cette région de lacs et de forêts.

C'est en cherchant une aire gratuite pour les camping-caristes avec de l'eau et de quoi vidanger que je me suis retrouvé le 20 mars à Saint-Priest-Taurion. J'y suis toujours, rigole-t-il lors de notre coup de fil ce 14 avril 2020 alors qu'il vient d'apprendre que le confinement durera encore un mois supplémentaire.

 
 

Un voyage intérieur dans 3 m2


J'ai tout ce qu'il faut dans mon Fiat Ducato, qui ne fait pourtant que 3 m2 : frigo, plaque de gaz, évier, toilette, douche, penderie et un lit. J'ai eu la chance de tomber sur une commune super sympa, qui m'a laissé m'installer, me brancher sur les boîtiers électriques. Ce n'est pas le cas partout, dit-il en se référant à l'expulsion musclée de quelques "vanlifers" dans l'Aveyron. 

Je joue le jeu du confinement, dit-il, je ne me déplace que pour faire le plein de courses ou acheter du gaz, et puis j'ai la chance d'avoir mon Gaston, mon labrador. Il a 9 ans, il boîte et moi je fais de l'arthrose au genou, alors tous les deux, on ne passe pas inaperçus quand on se promène !
Peu à peu, j'ai des habitués qui sont venus discuter avec moi. Tout le monde s'emmerde, alors les anciens viennent tailler la bavette (à distance)


J'aime m'imprégner des lieux, je découvre l'histoire du Limousin, son lien avec la Résistance.
Je prends des photos, je tiens mon journal, j'écris. Je n'ai pas trop de coup de blues, malgré la période : il y a matière à penser, mon voyage se fait à l'intérieur, maintenant !

Des photos et des textes que Pascal publie sur son compte instagram ou sur sa page facebook.

 
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Le contexte : Motivé par la virulence d’une pandémie causé par un virus de type Corona, le Covid-19. Au soir du 17 mars, ce sont déjà plus de 11 000 morts dans le monde et 163 pays touchés, la France recensce 175 décès et 7 730 personnes contaminées. Le confinement a pour but d’endiguer la progression fulgurante du virus. Sa durée est prévu pour un minimum de quinze jours. Mais presque aussitôt, dès le lendemain, il est annoncé qu’il sera beaucoup plus long... Sans autre précision. Je viens de vendre ma maison. J’ai acheté un fourgon. Il me faut rouler, absolument. C’est mon ultime thérapie. … #Van #Vanlife #VanlifeStyle #VanlifeDiary #VanlifeConfine #Vanlife_Bzh #Fourgonaménagé #CoronaVirus #Nomade #Vanlifer #Virus #cestlaguerre #photographie #pictoftheday #coronavirus #covid19 #ecriture #littérature #listesratures #Edition #EditionOnLine #GastondelaLande #ontheroad

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La vie sur la route


Le nombre d'immatriculations des vans et fourgons aménagés a bondi de plus de 15% sur la saison 2018-19, comme l'explique le magazine l'Obs, un vrai phénomène. 

Ce choix de vie, Pascal Nieto l'explique par un constat. "J'avais en quelque sorte perdu la foi", confie-t-il, la création s'était dérobée à moi. Je suis un hypersensible, et c'était pour moi un besoin profond de me retrouver seul et d'être vraiment en communion avec la nature.

C'est un phénomène dans l'air du temps de tailler la route confirme Pascal, et ça touche toutes les générations : jeunes surfeurs, routards saisonniers ou retraités bourlingueurs du Portugal ou au Maroc, les gens ne sont pas heureux, ils veulent mettre du sens dans leur vie. 


Une quête de sens très bien comprise par son fils de 29 ans qui vit en colocation à Paris : "il envisage même de passer son permis moto pour qu'on se fasse ensemble un trip père-fils" se réjouit-il, même s'il sait qu'il va y avoir "une redéfinition des frontières. Il va se passer plein de choses, on va maintenant devoir conjuguer notre avenir avec cette inconnue".



 
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