Michel Barnier a enfin présenté la liste de ses ministres à Emmanuel Macron. Entre pragmatisme et déception, les avis des Limousins sont mitigés. Réactions sur le marché de Panazol ainsi qu'au 10ᵉ festival de l'Agriculture et de l'élevage de la Haute-Vienne.
"C'est un vol démocratique", s'exclame une passante sur le marché de Panazol (Haute-Vienne), ce dimanche 22 septembre, au lendemain de l'annonce du nouveau gouvernement de Michel Barnier.
Elle poursuit : "Monsieur Macron est un mauvais perdant et il refuse la première place qui revient au Nouveau Front Populaire. Je suis inquiète quant à l'avenir de mon pays".
"J'attendais un gouvernement avec la volonté de faire des choses, mais j'ai l'impression que rien ne va changer, poursuit un autre passant. Les extrêmes vont censurer, et on va retomber dans une période d'incertitudes. On se demande si le président n'a pas souhaité cette instabilité."
Si certains ne cachent pas leur déception, d'autres tentent de rester pragmatiques. "Peut-être que des nouveaux noms peuvent apporter quelque chose de nouveau. Il faut leur laisser leur chance et qu'ils fassent leurs preuves", estime un autre passant.
Qu'en pensent les agriculteurs ?
Toujours à Panazol, le 10ᵉ festival de l'Agriculture et de l'élevage de la Haute-Vienne se tenait ce dimanche 22 septembre. Le secteur agricole, déjà marqué par la crise en début d'année, est aujourd'hui frappé par la fièvre catarrhale qui gagne de plus en plus de terrain. Sur 37 élevages inscrits au concours, dix n'ont pas pu se présenter.
La situation est "dramatique", selon Alain Pimpin, éleveur à Beynac (Dordogne). Alors, l'une des premières mesures demandées à Annie Genevard, fraîchement nommée ministre de l'Agriculture, c'est d'étendre urgemment les campagnes de vaccinations dans toute la France.
Cette problématique s'ajoute donc aux négociations débutées en début d'année et qui, en raison de la conjoncture politique, sont restées en suspens. Malgré les festivités, l'inquiétude de la filière est palpable.
Occupé par l'organisation du festival, Gilles Deconchat, président de l'association Festival de l'agriculture et de l'élevage, a suivi de loin l'annonce du nouveau gouvernement. "J'espère qu'ils pensent à nous, lance-t-il, parce que nous, on n'oublie pas. Nous n'avons pas vraiment vu les mesures qui devaient être mises en place. On fait le dos rond dans les élevages, mais il va falloir qu'ils prennent conscience que l'on est important dans le paysage".
Ce qu'on attend d'Annie Genevard, c'est sa capacité à agir et à le faire tout de suite.
Arnaud RousseauPrésident de la FNSEA
Des décisions sont attendues rapidement par le secteur au risque de replonger dans une année trouble, comme l'indique Charles Muller, éleveur et secrétaire de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Vienne : "Nous allons mettre le ministère sous pression, jusqu'à ce qu'il y ait des résultats, quoi qu'il en coûte".
Chez nos confrères de France Info, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a d'ailleurs confirmé ce sentiment général. "Ce qu'on attend d'Annie Genevard, c'est sa capacité à agir et à le faire tout de suite", a-t-il affirmer. Arnaud Rousseau donne "une quinzaine de jours" à la nouvelle ministre de l'Agriculture pour agir et répondre aux attentes des agriculteurs sur les "mesures d'urgence".
Des ministres passés par le Limousin
Ce nouveau gouvernement a vu plusieurs de ses membres passer par le Limousin. Patrick Hetzel (LR) d'abord, nommé ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, a été recteur de l'académie de Limoges entre 2005 et 2007. Il a, par ailleurs, nommé Sandrine Javelaud, directrice du service communication de la ville de Limoges, directrice adjointe de son cabinet ministériel. Cette dernière avait déjà travaillé quatre ans au sein de ce ministère lorsque Valérie Pécresse en était à la tête, de 2007 à 2011.
Enfin, Salima Saa, entrée en politique en 2012 à l'UMP et ancienne préfète de la Corrèze entre 2020 et 2022. La cadre dirigeante dans le privé a été nommée secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes.