Le salon international de la caricature, du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-le-Martel, près de Limoges, devrait avoir lieu fin septembre. Les organisateurs ont notamment prévu une grande exposition sur l'épidémie. Le Covid-19, grande source d'inspiration pour les dessinateurs de presse...
Si l'épidémie de coronavirus ne fait pas des siennes, le salon de Saint-Just-le-Martel devrait fêter sa 39e édition du 26 septembre au 5 octobre 2020. Plusieurs dizaines de dessinateurs de presse du monde entier sont attendus dans la petite commune de Haute-Vienne pendant une semaine.
Pour l'instant, nous sommes confinés comme tout le monde, le centre est fermé au public. Vous savez, Saint-Just est une grande famille, on prend des nouvelles des uns, des autres. On a récupéré de nombreux dessins depuis le début du confinement en vue d'une grande expo. (Philippe Henry, co-président du centre international de la caricature, du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-le-Martel)
Le coronavirus ne sera pas épargné
Une exposition autour de la crise sanitaire due à l'épidémie de Covid-19 est en préparation. Elle regroupera en partie les oeuvres du collectif de France-Cartoons.L'association regroupe près de 180 dessinateurs francophones, elle est présidée par Pierre Ballouhey, un aficionado du salon de Saint-Just-le-Martel depuis 1/4 de siècle.
Le coronavirus est une source d'inspiration quotidienne, notamment sur la liberté de circuler, à l'exemple de ces sdf qui ont pris des contredanses alors qu'ils vivent dans la rue. Notre rôle est de faire rire et réfléchir. (Pierre Ballouhey, président de France-Cartoons)
Le dessin de presse touché de plein fouet
Alors que le public n'a jamais été aussi avide d'informations, en raison du coronavirus, les journaux multiplient les mesures de chômage partiel. Kiosques désertés, quotidiens mal distribués, recettes publicitaires en chute libre, la crise sanitaire actuelle n'arrange pas un secteur depuis longtemps en crise et encore moins ses dessinateurs de presse.Les dessinateurs de presse ont souvent des revenus disparates, ne sont pas salariés. Ils vivent aussi des salons, des ateliers dans les écoles, des caricatures faites dans la rue...Tout cela est stoppé. Dans beaucoup de pays, du jour au lendemain, ils se retrouvent sans revenu, sans protection, sans chômage. C'est paradoxal alors que les lecteurs nous remercient plus que jamais de les faire rire ou rêver. (Kak, dessinateur à l'Opinion et président de Cartooning for Peace, collectif de 200 dessinateurs de 70 pays)
Mieux vaut en rire...
Placide vient à Saint-Just-le-Martel depuis une quinzaine d'années. Le confinement ne lui fait pas peur. Pas d'angoisse pour ce dessinateur qui porte un oeil distancié sur le coronavirus, essentiel pour préserver son humour :C'est amusant de constater qu'il y a une inversion des rôles. La caissière et l'éboueur remontent en grade, le cadre sup' a sans doute perdu un peu de son utilité. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer et après tout, le rire est le propre de l'homme non ?
Charlie Hebdo à Saint-Just
Charlie Hebdo a 50 ans. Pour fêter comme il se doit cet anniversaire, l'équipe de Saint-Just-le-Martel a prévu une exposition. L'hebdomadaire satirique a une longue histoire avec le salon. Cinq ans après l'attentat de Charlie Hebdo, les photos de Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski ornent toujours le fronton du centre de dessin de presse. Le bureau de Wolinsky, légué par sa veuve Maryse Wolinsky, est toujours en bonne place à l'intérieur.La programmation du salon semble en bonne voie. Outre Charlie Hebdo et l'exposition sur le coronavirus, Barrigue, prix de l'humour vache 2019 aura toute sa place tout comme Delambre et Jean-Pierre Coureuil. Charles de Gaulle sera épinglé sans oublier un hommage à Maurice Tournade et aux 2 dessinateurs décédés Napo et Mofrey.On est très heureux de mettre Charlie Hebdo à l'honneur. On pourra notamment voir certaines Unes mythiques de Charlie qui ont fait le buzz...(Corinne Villégier, commissaire des expositions au salon de Saint-Just-le-Martel)
Bref, à Saint-Just, le dessin de presse a encore de beaux jours devant lui et n'oublions pas le précepte du regretté Pierre Desproges :
On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui