Une nouvelle usine de production hydroéléctrique est en construction sur la Vienne, à Saint Junien. Le chantier est spectaculaire, mais des questions se posent quant à son impact sur la biodiversité.
C'est un immense chantier qui a débuté sur la Vienne à Saint-Junien. Un ancien moulin à papier, installé au bord d'un seuil existant (un petit barrage sur la rivière), va être transformé en usine de production hydroélectrique.
Les travaux vont durer près d'un an et demi au total, et coûter plus de quatre millions d'euros.
La mairie de Saint-Junien accompagne le projet, comme elle le fait déjà pour deux autres usines. "Quand ces trois unités de production vont produire à plein, cela produira pour l'équivalent des deux tiers des foyers de la commune", explique Thierry Granet, adjoint au maire.
Quelles conséquences pour la biodiversité ?
La construction de nouvelles centrales hydroélectriques s'accompagne d'obligations réglementaires en terme d'écologie. Pour le porteur du projet, Philippe Herbrecht, qui possède une dizaine de centrales en France, 20% de l'investissement est dédié à l'environnement.
"On va complètement rénover la passe à poissons qui est en tête de barrage, on va également aménager une nouvelle passe pour les canoë-kayak, au niveau de l'usine on va faire de la dévalaison pour que le poisson puisse descendre facilement dans le cours d'eau, et installer des grilles pour que les poissons ne puissent pas rentrer dans les turbines", explique l'entrepreneur.
Des obligations réglementaires qu'il accepte, même s'il estime qu'elles vont parfois trop loin : "Par exemple, là on nous demande de mettre en place des choses par rapport à l'anguille alors qu'il n'y a pas d'anguilles dans la Vienne ! Donc oui, le projet est important, mais au final on améliore la situation".
"C'est mieux que de ne rien faire"
Alors ces aménagements sur la rivière représentent-ils une menace pour la continuité écologique, ou contribuent-ils au contraire à l'améliorer ?
Sur les rivières de la Haute-Vienne, l'Etat estime que 400 seuils abandonnés ont besoin d'être aménagés. "Le plus dangereux, c'est de ne rien faire", affirme Eric Hulot, chef du service eau à la Direction départementale des territoires, "Avec un seuil non équipé, les sédiments s'accumulent, les poissons ne passent pas. Et la dégradation de l'ouvrage peut poser des problèmes du point de vue de l'impact environnemental".
Une analyse que ne partage pas totalement l'association Limousin Nature Environnement. Pour sa directrice, la production de ce type de centrale est trop faible pour compenser l'impact sur la biodiversité : "Il y a toujours un impact, et l'impact cumulé n'est pas pris en compte au niveau de tout un bassin de rivières. Si les installations s'accumulent, au final, ça devient très difficle pour les poissons migrateurs de passer", affirme Marion Fourtune.
Ecologie ou économie
D'autant que certaines nouvelles installations prévoient de modifier l'environnement existant. C'est le cas d'un deuxième chantier que Philippe Herbrecht envisage un peu en amont sur la Vienne, à Saint-Brice-sur-Vienne, et pour lequel il prévoit de réhausser le seuil existant de 50 centimètre, pour le monter à 2 m 50.
Un obstacle supplémentaire pour les poissons ? "Si on veut faire une continuité écologique, il faut pouvoir la financer, et donc on a besoin de faire un peu plus de production. Le seul moyen d'augmenter notre production, c'est par la hauteur de chute puisqu'on ne peut pas toucher au débit", argumente Philippe Herbrecht.
Une nouvelle illustration de l'opposition régulière entre écologie et économie.