Sécheresse et barrages : quelle production hydroélectrique et quelle gestion de l'eau pour l'avenir ?

Le barrage de Tuilières à Saint-Capraise de Lalinde en Dordogne fournit l’équivalent de la consommation annuelle de 60 000 habitants et permet de réguler le débit des eaux en aval. Une bonne solution jusqu'à aujourd'hui, mais la sera-t-elle demain, face aux sécheresses toujours plus intenses ?

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C'est un ancêtre toujours vaillant : le barrage de Tuilières à Saint-Capraise de Lalinde, à l'est de Bergerac, a été construit en 1909 sur le cours de la Dordogne. Le plus grand barrage d'Europe à l'époque, et toujours l'un des plus anciens sites hydroélectriques de la vallée de la Dordogne. La retenue d’eau fait 13m de profondeur au pied du barrage, couvre une surface de 75 ha pour un volume d’eau de 5 millions de m3.

La production hydroélectrique 

L’hydroélectricité, c'est la deuxième source de production électrique française (12%) après le nucléaire (77%) et la première production en énergie renouvelable dans l'hexagone et en Europe. Un réseau solide installé en France depuis le début du XXe siècle qui assure une production propre, stable, fiable et durable. Sur la vallée Dordogne, 58 barrages et 28 centrales électriques produisent l'équivalent de deux réacteurs nucléaires.

À lui seul, le barrage de Tuilières possède huit vannes métalliques et la centrale hydroélectrique attenante huit turbines Kaplan d'une puissance totale installée de 32 MW pouvant fournir une production annuelle de 148 GWh. L’équivalent de la consommation résidentielle annuelle de plus de 60 000 habitants.

Année pluvieuse, année heureuse, année sécheresse, année en baisse

En 2021, EDF Hygro affichait des résultats exceptionnels, une production en hausse de 20% sur la Dordogne, en raison d'une pluviométrie qui ne se reproduit que tous les vingt ans. De quoi alimenter 1,5 million de personnes sur la vallée de la Dordogne, un record.

Mais la sécheresse qui frappe le pays et le Sud Ouest depuis plusieurs mois aura logiquement l'effet inverse. Déjà un mois sans pluie, à la période où d'ordinaire, entre février et mars, les réserves se rechargent. Il y a eu 0,8 mm de pluie en cumul moyen ces dernières semaines, alors que la normale se trouve à 80 mm. Les légères pluies de ces prochains jours ne devraient pas compenser le retard. Conséquence, la production électrique baissera proportionnellement. Dommage, au moment où les prix de l'énergie explosent.

Les barrages régulateurs des cours d'eau

Autre fonction essentielle des barrages face aux périodes de sécheresse ou de crue, la régulation des débits. Depuis plusieurs étés, des débits dans les rivières exceptionnellement bas, voire nuls, ont obligé EDF à relâcher les vannes afin de conserver le niveau minimum vital pour la faune dans les cours d'eau, permettre l'irrigation et soutenir les activités touristiques. Phénomène qui va s'amplifier, les vagues de chaleur et de sécheresse toujours plus fréquentes confrontent de plus en plus souvent EDF à privilégier son rôle de gestionnaire au détriment de celui de producteur. 

Le barrage, bonne solution à court terme uniquement

La situation est comparable partout ailleurs sur terre. 16 millions de barrages dans le monde stockent entre 7 et 10 000 kilomètres cubes, soit deux à trois fois le volume des rivières. Ils servent de réserve, limitant les crues comme les sécheresses.

Si la solution paraît idéale sur quelques saisons, elle l'est moins sur le long terme. Elle peut même s'avérer contre-productive. En Chine, en Espagne, en Autriche ou aux États-Unis, les barrages se sont montré très peu efficaces face aux périodes de longue sécheresse qui s'amplifient.

Sécheresse anthropique, un cercle vicieux

Au contraire, les populations s'habituent à utiliser un débit d'eau constant même pendant les longues sécheresses et augmentent le déficit en puisant toujours davantage. Le risque est tout simplement de vider les réserves, et de ne plus pouvoir les remplir naturellement puisque la sécheresse va perdurer. Une étude menée en Espagne entre 1945 et 2005 a prouvé que la sécheresse était plus sévère et plus longue sur les bassins les plus régulés par des barrages.

Face à une sécheresse toujours plus forte, la tentation de multiplier les barrages pour limiter l'impact (et produire plus d'électricité) semble donc une fausse bonne idée. Le changement climatique nous entraîne vers toujours plus de sécheresse, la seule solution viable est de s'y préparer, pas de faire des réserves pour continuer à produire plus et épuiser toujours davantage les ressources. Et ce d'autant moins que les barrages et autres réserves occasionnent également des pertes par évaporation.

→ Tout savoir sur les trois grands barrages de la Dordogne ←

→ Les résultats exceptionnels de 2021 ←

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