Une facture d'électricité de seulement 20 euros par mois pour sa maison, il nous livre son secret

Avec sa maison résiliente dans le Cantal, Rémi parvient quasiment à être autonome en énergie. Il explique comment il a réussi à réaliser ce tour de force, parvenant à être plus serein, malgré des prix de l'énergie toujours très chers.

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Alors que de nombreux Français se morfondent en voyant leur facture énergétique grimper, d’autres sont beaucoup plus sereins. C’est le cas de Rémi Richart. Il vit à Prunet, près d’Aurillac dans le Cantal depuis 18 ans, avec sa femme et ses trois enfants. Nous l'avions déjà interviewé il y a deux ans, à l'époque où les prix de l'énergie commençaient à s'emballer. Aujourd'hui, il ne regrette pas ses choix. Cet ancien informaticien a rénové une maison pour la rendre résiliente. Il explique : “Notre projet personnel ne porte pas que sur la partie énergétique. On a travaillé la résilience sur tous les domaines dans notre maison : eau, chauffage, alimentation, électricité”. Le Cantalien détaille comment il a procédé en matière de chauffage : “Pour le chauffage, on a fait le choix du bois en acquérant une forêt, pour faire notre bois nous-mêmes. Nous effectuons une gestion durable de la forêt. Cela nous permet de faire une économie substantielle mais cela nécessite de passer beaucoup de temps à couper du bois. Il faut aussi du matériel, un peu de compétences mais surtout beaucoup de temps. C’est un passage obligé si on veut être autonome sur la partie chauffage, surtout pour une rénovation. On a une consommation de bois assez conséquente : on est à deux brasses et demie (environ 10 m3). Pour le chauffage, on a du bois et du solaire thermique”.

Baisser sa consommation électrique

Rémi maintient dans sa maison une température comprise entre 17 et 19 degrés en hiver. En matière d’électricité, Rémi a réalisé des investissements :  “Pour la partie électricité, on a d’abord essayé avec une installation photovoltaïque plus une petite éolienne. L’éolienne ne s’est pas avérée assez efficace pour continuer. On a fait grossir notre installation photovoltaïque pour qu’elle corresponde à nos besoins. On produit 100 % de notre électricité. On continue à garder un abonnement à notre fournisseur d’électricité pour les jours où l’on risque d’être trop juste. On essaie d’adapter notre consommation pour que les jours où il y a moins de soleil, on arrive à se passer d’EDF”. Rémi indique comment il a réduit sa consommation électrique : “Dans une maison, les éléments qui consomment le plus le sont pour la cuisson, comme le four et les plaques, ainsi que le chauffe-eau. Cuisiner au bois est une solution. Les jours où il fait beau je vais utiliser mon four électrique et je ne le fais pas les jours où il ne fait pas beau. Il y a des éléments que je n’ai pas, comme le sèche-linge par exemple ». Rémi n’a pas dû renoncer à un certain confort : "Nous utilisons une machine à laver et un lave-vaisselle. Ces deux éléments sont branchés sur l’eau chaude de la chaudière. On n’utilise pas d’électricité pour chauffer l’eau. Pour le frigo, l’hiver on a un frigo naturel : il est dans un mur, avec des ventilations vers l’extérieur. À partir du moment où il fait moins de 5 degrés à l’extérieur, on n’a plus besoin d’utiliser notre frigo électrique. Quand on n’allume pas la chaudière bois, ce qui correspond aux moments où on a trop d’électricité, on a recours au solaire thermique pour chauffer notre eau”.

Des investissements à rentabiliser

L’ancien informaticien espère rentabiliser ses investissements : “La première installation photovoltaïque, qui a 15 ans, est amortie. La partie avec batteries n’est pas encore amortie. C’est de l’auto-installation, ce qui coûte deux fois moins cher qu’une prestation d’un installateur. Cette partie a 6 ans et sera amortie dans une dizaine d’années. En tout, cela m’a coûté environ 25 000 euros”. Le Cantalien peut se targuer de ne payer qu’une toute petite facture d’électricité : “On n’est pas chez EDF, et on a opté pour un fournisseur d’énergie 100% verte. On paie l’abonnement de 20 euros par mois”.

"Cette crise énergétique est inévitable"

Rémi analyse le contexte des prix de l'énergie qui pèsent de plus en plus sur les ménages : “Cette crise énergétique est inévitable. Notre consommation d’énergie augmente pour plusieurs raisons mais surtout à cause des voitures électriques et des pompes à chaleur. La facture des utilisateurs en France va augmenter. On n’a pas trouvé de solution pour produire de l’énergie pas chère, illimitée et non polluante. Au contraire, on se rend compte que le renouvellement de notre parc nucléaire est complexe. Les énergies renouvelables ne pourront pas remplacer la consommation actuelle et à venir. L’électricité va devenir de plus en plus chère”. Le Cantalien n’est pas pour autant donneur de leçons : “Face à cela, la première attitude est de trouver une manière de consommer moins. On peut surtout jouer sur le levier du chauffage. Ensuite, il faut essayer de produire de l’électricité soi-même, voir le potentiel de sa maison”. Il ne s’érige pas en modèle absolu : “La maison résiliente n’est pas une solution universelle parce qu’on n’a pas tous le même potentiel. Des maisons ne sont pas bien orientées, sont dans des endroits où l’on ne peut pas mettre des panneaux. En ville, c’est aussi compliqué pour des personnes qui habitent en appartement, même si l’on peut mettre un ou deux panneaux sur un balcon, même quand on est locataire”.

Réfléchir à la résilience de territoire

Le Cantalien espère une prise de conscience à venir au sein de la société : “Notre première démarche était de réfléchir à la résilience de notre propre habitat. Aujourd’hui, on réfléchit à la résilience de territoires, c’est-à-dire essayer de voir au niveau de la commune quelles sont les solutions. Il y a la possibilité de l’autoconsommation collective. Dans une commune, on peut se mettre à plusieurs pour financer une installation photovoltaïque et faire bénéficier la production à des habitants, à la mairie, et à l’école, à un prix défini par les différents prestataires. Il n’y a pas de démarche capitaliste avec un retour sur investissement. L’idée est de produire localement pour subvenir aux besoins des personnes de la commune”. Rémi insiste : “Il y a plus de personnes qui se posent des questions, qui essaient de se prendre en main. C’est une bonne chose. Face aux différentes crises, il est temps de trouver nous-mêmes des solutions car les politiques pataugent”. Il invite à réfléchir sur notre mode de consommation : “Il ne faut pas attendre de baisse de prix de l’énergie. Il faut essayer de comprendre ce qui consomme réellement dans une maison. Le premier point d’énergie est le chauffage électrique, puis le chauffe-eau électrique. La voiture électrique consomme aussi beaucoup : cela va devenir le premier point de consommation”. Rémi Richart forme des personnes à son mode de vie résilient. Il est également le coauteur, avec Didier Flipo, d’un ouvrage qui s’intitule « La Maison résiliente », paru aux éditions Terran. 

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