La solidarité des habitants du Limousin ne faiblit pas. Plus de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, et alors que l'effervescence du début s'est atténuée, ils continuent de se mobiliser pour l'envoi d'aide humanitaire et l'accueil des déplacés.
Ce lundi 30 mai au matin, un premier camion quitte les locaux du secours populaire de la Haute-Vienne à Limoges. Direction La Pologne, avec à son bord 25 tonnes de produits de première nécessité, destinées aux Ukrainiens réfugiés dans deux villes du pays. L'une d'elle, Zukowo, est jumelée à Saint-Junien.
Solidarité toujours d'actualité
Demain, un autre camion de 25 tonnes de chargement prend la direction de la Roumanie. Comme celui de la veille, il acheminera des denrées alimentaires non périssables, des produits d'hygiène, des jeux éducatifs, des jouets, des feutres, des peluches, des bonbons pour les enfants, "beaucoup de choses pour les enfants, car certains s'ennuient," précise Thierry Mazabraud, le secrétaire général du Secours populaire de la Haute-Vienne.
Car la solidarité envers l'Ukraine au départ du Limousin, ne s'est pas tarie au fil des semaines. Bien au contraire. La semaine dernière encore, le secours populaire a envoyé 20 m3 de produits médicaux et paramédicaux, du matériel pour les hôpitaux.
Les Pompiers de l'Urgence Internationale dont le siège est à Limoges poursuivent eux aussi leurs envois vers l'Ukraine.
L'accueil des Ukrainiens
On se souvient de l'arrivée d'Ukrainiens dans le Limousin, dès le mois de mars, quelques jours après le début de la guerre. Mais aujourd'hui, que deviennent-ils ?
La Creuse accueille 230 déplacés, la Corrèze 233. La préfecture de la Haute-Vienne ne souhaite pas communiquer à ce sujet, en raison de la période de réserve à l'approche des élections.
Parmi ces déplacés, de nombreux enfants, accueillis dans les différents établissements scolaires du Limousin.
141 élèves sont scolarisés en Haute-Vienne, 64 en Creuse et 63 en Corrèze.
La majeure partie est en école primaire (106 élèves en Limousin), 45 enfants vont à la maternelle, 90 fréquentent le collège et 27 le lycée.
Trouver un emploi
La difficulté, c'est bien sûr la langue, à laquelle sont également confrontés les parents.
D'ailleurs ceux qui ont le plus facilement trouvé un emploi sont ceux qui connaissaient le français, notamment au sein de l'Éducation nationale, pour servir de lien entre les jeunes Ukrainiens allophones et les établissements scolaires.
D'autres ont également trouvé du travail, sans forcément connaître la langue, "dans des secteurs en tension, qui ont du mal à recruter", précise la préfecture de la Creuse, en prenant l'exemple de ce restaurateur de Toulx-Sainte-Croix qui emploie quatre déplacés ukrainiens au service en salle, et un autre en apprentissage en cuisine.
Mais en dehors de la langue, un autre obstacle se dresse devant eux dans la recherche d'un travail : la mobilité. Ils sont peu nombreux à avoir une voiture, et certains installés en zone rurale ne disposent pas des moyens de transport en commun, ou ne souhaitent pas quitter la commune dans laquelle leur enfant est scolarisé.
Les limites de l'hébergement citoyen
Répondant à l'appel à la solidarité lancé au début du mois de mars, de nombreux Limousins ont proposé leur aide pour accueillir des Ukrainiens dans leur foyer. Une générosité qui parfois montre aujourd'hui ses limites. Car l'"hébergement citoyen" se fait sans contre partie financière de l'Etat "certaines personnes seules ont accueilli des familles, mais elles rencontrent aujourd'hui des difficultés pour assumer le quotidien," indique Jacques Forgeron, de l'antenne Creuse-Corrèze de l'association France-Ukraine.
De quoi demain sera fait
Jacques Forgeron
L'incertitude plane sur l'avenir de ces déplacés. Ce qui est sûr, c'est que la générosité des Limousins sera encore sollicitée.
L'aide à venir
L'aide pourrait dorénavant être plus ciblée "on va proposer le parrainage de familles par plusieurs donateurs, ça peut être 20 euros par mois par exemple". A dix donateurs par famille, les deux cents euros pourraient permettre aux déplacés de disposer d'un peu d'argent pour des besoins très précis.
Fort de son expérience, le Secours populaire sait que l'aide pourrait durer encore de nombreuses années "le Secours populaire de la Haute-Vienne est toujours présent en Serbie et en Bosnie", indique Thierry Mazabraud. Plus de 20 ans après la fin des guerres de l'ex-Yougoslavie.