Avec ses 2 000 effectifs par an, il est un petit poucet de la race porcine. Pourtant, la filière du cul noir se maintient grâce à des éleveurs passionnés. Rencontre au salon de l’agriculture de Paris...
Chaque année, 23 millions de porcs sont produits en France dont 40 000 de races locales. Dans ce cheptel, le cul noir du Limousin représente environ 2 000 bêtes. Une race qui, de facto, souffre d’un déficit de notoriété.
C’est une belle bête à regarder. Je ne connaissais pas du tout cette race.
Alexis, visiteur du salon de l'agriculture
"C’est vrai qu’il a le cul noir ! C’est un cochon impressionnant que je ne connaissais pas. J’aimerais le voir dans mon assiette plutôt deux fois qu’une ! "s'extasie Agathe, visiteuse au salon.
Au salon de l’agriculture de Paris, porte de Versailles, trois éleveurs ont fait le déplacement pour faire connaître leurs animaux au grand public et aux professionnels.
"Son arrière-train est noir comme sa tête mais il ne faut pas que cette couleur descende en dessous du jarret. Il a de petites oreilles semi-dressées, un dos convexe alors que le porc basque a un dos concave. C’est également un porc à la finesse d’os" explique Nicolas Coudert, éleveur à Séreilhac en Haute-Vienne et président du syndicat du porc cul noir du Limousin.
Tout est bon dans le cul noir
Le cul noir, cochon de souche ibérique apparu il y a cinq siècles à l’ouest du massif central, était très réputé. En 1900, le Limousin était la première région de production de porc. Une filière qui a périclité après la première guerre mondiale avec l’industrialisation. Pourtant, ce cochon élevé en plein air a de nombreuses qualités gustatives.
C’est un cochon de subsistance qui mangeait les déchets des fermes, les glands, les châtaignes sous les chênaies. Il permettait aux familles de passer l’hiver. Du coup, son gras est insaturé, riche en oméga 3, 6 et 9. C’est du bon gras !
Nicolas Coudert, éleveur à Séreilhac (87), président du syndicat du porc cul noir du Limousin
Maintenir le cul noir
En 1920, le cheptel représentait encore 110 000 porcs. Aujourd’hui, une trentaine d’éleveurs limousins défend cette race animale en dépit du spectre de la peste porcine aux portes du pays et de la flambée des prix des matières premières.
"La menace de la peste porcine oblige les éleveurs à prendre des mesures de biosécurité (clôtures, sas de sécurité) avec un coût de plusieurs milliers d’euros. De plus, pour contrer la hausse des matières premières et avoir une meilleure qualité de viande, nous avons exclu maïs et soja" ajoute Mickaël Delanotte, animateur de la coopérative "l'Ecusson noir".
Une filière qui s’organise favorisant pois, colza, lupin, féveroles locales dans l’alimentation du cul noir. "Aujourd’hui, 80% de notre production est consommée en Limousin, 20% ailleurs en France. Pour continuer à viser le haut de gamme, nous envisageons de créer notre propre structure de découpe et de transformation d’ici cinq ans" précise Mickaël Delanotte.
Le cul noir est l'une des six races locales de cochon existant encore en France. Ses éleveurs défendront leurs couleurs ce jeudi 3 mars matin au ring porcin du salon de l’agriculture de Paris.