Ce 5 juin 2023, des députés de tous bords se sont réunis en Haute-Vienne pour l'étape limousine d'un tour de France des déserts médicaux. Ils présentent une proposition de loi qui comporte des mesures marquantes comme la fin de la liberté d'installation pour les médecins.
C’est une proposition de loi transpartisane, écrite par des députés de tous bords.
La première mesure est tranchante : une régulation de l’installation des médecins et des dentistes. Ces professionnels de santé ne pourront plus s’installer là où l’offre est jugée suffisante, sauf après un départ à la retraite. Le but est de lutter contre les difficultés d’accès aux soins, notamment dans une région qui manque de médecins généralistes : "On ne parle pas d'une obligation stricte sans tenir compte du contexte. Mais la réalité, c'est qu'il faut gérer un sous effectif par rapport au besoin réel", souligne Stéphane Delautrette, député NUPES de la Haute-Vienne qui a participé à la rédaction de la proposition.Un projet qui divise
Cette proposition fait bondir de nombreux médecins. Pour eux, il est trop compliqué de cartographier en temps réel les déserts médicaux. Ils voudraient plutôt de nouveaux moyens pour s'entourer d'équipes et rendre leur exercice plus attractif.
"Réguler une pénurie, ça s’appelle du rationnement. On va rationner les médecins généralistes, ce n'est pas cela qu'il faut faire.", pointe le docteur Jean-Christophe Nogrette, médecin généraliste MG France.
Il faut que les personnes diplômées en médecine générale aient envie de s'installer. Ce n'est pas en leur mettant des contraintes qui vont leur compliquer plus la vie que cela va les aider !
Docteur Jean-Christophe Nogrette, médecin généraliste MG Franceà France 3 Limousin
Le tour de France des déserts médicaux s’arrêtait ce 5 juin 2023 en Limousin pour une soirée de débat au Palais-sur-Vienne, en présence d'autres parlementaires engagés dans la démarche : le haut-viennois Damien Maudet (NUPES), également organisateu, mais aussi le député du Cher Nicolas Sansu (PCF), et un élu en Mayenne, Yannick Favennec (Horizons).
Localement, le maire est lui favorable à la régulation, ou en tout cas à une règle claire pour des élus locaux souvent démunis :
"On arrive à des situations avec lesquelles une commune va être concurrente de la commune voisine. C'est une situation un peu ubuesque", dénonce Ludovic Géraudie. La proposition de loi comporte d’autres mesures sur la formation des médecins ou sur l’organisation des soins. Ses auteurs espèrent la voir bientôt au menu de l’Assemblée nationale.