Un an après l'invasion de leur pays par la Russie, comment vivent les réfugiés ukrainiens ? 760 adultes et enfants ont été accueillis en Haute-Vienne (87) au début du conflit. En ce mois de février, 88 personnes ont renouvelé leur autorisation provisoire de séjour, valable 6 mois.
Loin de l’Ukraine, la vie continue. Dans une résidence HLM à Saint-Vaury (Creuse), à l'ouest de Guéret, une dizaine de réfugiés ukrainiens sont logés depuis leur arrivée.
Larissa Kanounnikova a fui Kharkiv avec sa belle fille et sa petite fille. "Nous sommes vraiment bien aidées ici et nous sommes en sécurité". Pour elle, pas question de rentrer pour le moment : "On ne peut pas rentrer à Kharkiv où les combats se poursuivent", confie-t-elle.
Guénadi, son voisin, est un ancien chef d’entreprise de Kharkiv. Il revient du Secours Populaire où il a fait le plein de provisions. Il a rejoint sa femme et leur fille à Saint-Vaury, il y a huit mois. Leurs proches restés au pays leur manquent, mais même constat : un retour paraît tout bonnement impossible.
Les écoles ne fonctionnent plus, elles ont été détruites. Il n’y a plus d’infrastructure, ça nous inquiète pour notre fille... Il n’y a aucune sécurité en Ukraine.
Guenadi Akulov
Guénadi a des problèmes de santé ; son épouse Hanna, elle, apprend le français et cherche du travail. "Je prends des cours. Et je fais une formation depuis six mois pour devenir agent d’entretien, j’espère pouvoir travailler bientôt".
L'envie de rentrer
Jacques Forgeron, à la tête de l'association Échange France Ukraine, prend régulièrement des nouvelles de Larissa. "Ils sont dans cette ambiguïté-là entre conserver la sécurité et le désir de retourner au pays", explique-t-il.
La France a accueilli près de 100 000 réfugiés ukrainiens depuis le début du conflit. En Haute-Vienne, cela représente 760 adultes et enfants. En février, 88 personnes ont renouvelé leur autorisation provisoire de séjour, valable 6 mois.
Depuis un an, les associations et les collectivités locales sont mobilisées pour accueillir ces réfugiés dont la situation reste précaire.
"Ce que les Russes font à notre pays est insupportable."
À Saint-Junien (Haute-Vienne), un foyer héberge des femmes, seules en majorité. Elles se rappellent les jours heureux, mais évoquent aussi la tragédie qui frappe encore leur pays. "Je suis originaire du Donbass et nous sommes en guerre depuis 2014 ! Moi, j’ai déjà dû fuir plusieurs fois" s'exclame Natalia Yermashova. Sa camarade Tatiana Knyzhnyk ajoute : "On est bien conscients que la Russie est notre ennemie. Ce que les Russes font à notre pays est insupportable."
À l’étage, où 18 personnes sont logées, Margarita Rastrusna venue de Kiev, vit avec son petit-fils depuis près d’un an. Tout comme lui, elle apprend le français. "J’ai voulu mettre mon petit-fils à l’abri de la guerre, mais lui, c’est un adolescent, il ne pense qu’à rentrer à la maison", raconte-t-elle.
Alors pour leurs proches restés au pays, on capture des souvenirs qui leur sont destinés. Des photos pour leur dire que tout va bien, mais aussi, un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, leur signifier combien ils leur manquent…