“Oradour, objets en héritage”, nom de la nouvelle exposition au centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane depuis ce vendredi 7 avril. Plus de 200 objets collectés après le massacre du 10 juin 1944, alors que le dernier survivant a disparu. Des reliques présentées comme autant de témoins de cet épisode de la barbarie nazie qui fit 643 victimes.
Des instruments fondus sous l’effet de la chaleur, des montres où le temps s’est arrêté le 10 juin 1944, ou encore, un berceau criblé de balles, qui servira de pièces à conviction lors du procès de Bordeaux.
Autant d’objets, qui racontent le feu et la mitraille qui s’abattirent sur le village martyr. Des fragments de vies englouties pour les familles de victimes, comme ces chenets, que le père de Martial Brissaud sortit de sa maison en flammes.
C'est un témoignage du peu qui lui restait. Il n'avait plus rien. Vous avez vu les maisons, l'état des rues... Pas d'habits, rien !
Martial Brissaud, fils d’un rescapé d’Oradour-sur-Glane
Des reliques du massacre
Pour certaines familles, impossible de se défaire de ces quasi-reliques. Le père de Cécile Desourteaux, aujourd’hui âgé de 97 ans, a perdu toute sa famille dans le massacre. Il n’a pas souhaité se séparer de la clé de sa maison, totalement détruite.
“C’est sa clef. C’est la clef de sa maison, témoigne Cécile Desourteaux. Pour lui, c'est un objet super important donc il la conserve. Mais elle est quand même là.”
Des objets intimes parfois, conservés pour la plupart par le mémorial, et rarement exposés. Certains racontent aussi la banalité du quotidien, comme des canifs. Leur nombre montre le crime de masse, et ses 643 victimes.
"Les témoins directs du massacre ne sont plus là aujourd'hui pour témoigner, raconter leur propre histoire. Néanmoins, ces objets racontent l'histoire de chaque personne. Je crois que l'objet n'a plus sa temporalité comme une vie qui passe, appuie Benoît Sadry, le président de l’association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane. Ces objets seront encore là dans cent ans et raconteront toujours cette même histoire tragique qu'ont vécu les gens d'ici."
Autant de traces matérielles figées et visibles de la folie des hommes. Un témoignage poignant à découvrir au centre de la mémoire d’Oradour-sur Glane jusqu'à fin 2024.
Récit avec Arnaud Richard-Ferraro