Les dépouilles de victimes de l'accident du vol Air France Rio-Paris sont attendues jeudi matin à Bayonne.
Bayonne : l'Ile de sein attendu ce jeudi
Le bateau d'ile de Sein est attendu jeudi à Bayonne, avec les dépouilles de 108 victimes du crash du vol Rio Paris en avril 2008 et des débris de l'avion.
Deux ans après une catastrophe qui a fait 228 morts de 32 nationalités, cent-quatre "corps devraient arriver en France, dans le port de Bayonne, le 16 juin à bord du navire L'Ile-de-Sein", a annoncé lundi à l'AFP une source proche de l'enquête.
Ce câblier du groupe Alcatel-Lucent affrété par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) chargé de l'enquête technique sur l'accident, avait terminé le 3 juin les opérations de repêchage, par 3900m de fond dans l'Altantique au large du Brésil, de corps et de pièces de l'Airbus A330. Selon la gendarmerie, qui a conduit la remontée des dépouilles, 104 corps ont été "relevés" entre fin avril et début juin. Avec les 50 premiers cadavres retrouvés juste après l'accident du 1er juin 2009, 154 corps ont été repêchés. Les autres dépouilles reposent dans l'épave de l'avion.
Une fois ramenés en France, les corps doivent être autopsiés et identifiés au cours d'un processus très encadré scientifiquement et juridiquement, a expliqué à l'AFP le colonel François Daoust, chef de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Cela "prendra des semaines, voire des mois", dit le gendarme. Selon lui, "des opérations médico-légales vont être menées sous l'égide des deux magistrats" instructeurs parisiens Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle chargés de l'enquête dans laquelle Air France et Airbus sont mis en examen pour homicides involontaires.
Comme pour d'autres catastrophes (accident du Concorde en 2000, tsunami en Asie en 2004, séisme en Haïti en 2010), l'identification des victimes repose sur la comparaison des dossiers "ante mortem" et "post mortem" que vont constituer des enquêteurs de médecine légale.
Un corps ne pourra être identifié qu'après le "rapprochement" de ces deux dossiers, avertit le colonel Daoust.
Le dossier "ante mortem" se compose d'éléments fournis par la famille et les médecins de la personne décédée : ADN des proches, bijoux, opérations. Le dossier "post mortem" se constitue au cours d'"examens médico-légaux, odontologiques et sur des os longs pour des prélèvements ADN", poursuit le patron de l'IRCGN.
Ensuite, "toutes les données ante et post mortem seront intégrées à un logiciel qui proposera des correspondances possibles entre elles" avant qu'une commission d'identification ne "décide éventuellement" d'attribuer une identité à chaque corps. A moins qu'elle ne réclame davantage d'informations repoussant d'autant les résultats, met en garde M. Daoust, qui rappelle que "l'identification des 50 premiers corps (repêchées) il y a deux ans avait pris deux mois".
Déjà "indignées" fin mai par le "déroulement chaotique de l'enquête technique" du BEA, des familles sont divisées face la décision de la justice d'avoir autorisé le repêchage de leurs proches afin de les identifier. "Qu'on soit pour ou contre cette opération, les corps ont été remontés, il faut donc poursuivre le processus", tranche Robert Soulas, vice-président de l'association Entraide et Solidarité AF447.
"L'opération avait soulevé une polémique, certains la voulaient d'autres non. Nous avions demandé à la juge de préciser dans quelles conditions de dignité la remontée des corps serait organisée. Ensuite elle a pris sa décision", dit-il.
Cités par Le Parisien, la mère et le frère d'un passager de l'A330 englouti au fond de l'Atlantique pensent qu'"il fallait tout laisser, comme le font les marins".