Des gens du voyage expulsés

Les forces de l'ordre procèdent à l'explusion d'un groupe de gens du voyage d'un terrain privé à Lormont.

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Expulsion gens du voyage à Lormont

La police a procédé à l'expulsion de plusieurs familles appartenant à la communauté des Gens du voyage. Installés depuis deux mois sur cette friche industrielle, faute d'aire d'accueil sur la commune malgré la loi Besson, le propriétaire a fait valoir ses droits devant la justice

Les occupants avaient bien eu la visite d'un huissier de justice qui les a avisés que le propriètaire des lieux, une ancienne usine abandonnée, demandait devant la justice, leur expulsion des lieux.  L'expulsion était programmée pour mardi.

Les résidents sur cet espace ne sont pas des migrants intra-européen. Ils sont tous nés en France, et munis de leurs papiers d'identité. La commune de Lormont est en défaut dans ce cas de stationnement précaire, car depuis 2002, la loi Besson a réitéré l'obligation pour les communes de plus de 5 000 habitants de s'équiper d'une aire d'accueil pour les Gens du voyage. Le Conseil Général de la Gironde a établi un schéma départemental pour l'accueil des Gens du voyage.

Lormont n'est pas la seule commune en défaut avec la loi, sur la rive droite. Cenon et Floirac sont dans la même situation d'absence de lieu d'accueil, mais aussi Bordeaux, bien que la muncipalité ait déjà réalisé une aire d'accueil en bordure du quartier Bacalan.

Alors, sachant que chaque année plus de 900 familles gravitent autour de l'agglomération bordelaise, lors de périodes courtes en été, sur de plus longs séjours en hiver, l'opportunité d'un accueil est devenue une évidence. Mais la politique est assez sensible dans ce domaine.

L'Europe rappelle à l'ordre

Depuis 2010, sur le sujet de la migration de population tsigane, l'Europe rappelle à l'ordre les autorités.

A ce titre l'Europe a rappelé aux Etats membres, et plus particulièrement à la France, les droits et devoirs dont bénéficient les Gens du voyage.

Ainsi depuis 1905, nos Gens du voyage ont une pièce d'identité bien spécifique, "le carnet de circulation". Ce document tend à être remplacé par une carte nationale d'identité, mais elle reste discriminatoire, parce qu'elle stipule la condition de vie de son détenteur, sous la mention "commune de rattachement". Ce carnet de circulation, modifié en 1969, portait la mention du nom, du nom des parents ainsi que la commune de rattachement. C'est-à-dire que lorsqu'un adolescent issu de la communauté des Gens du voyage, atteignait ses seize ans, il avait le devoir de se faire établir dans une commune de rattachement, procédant auprès de la préfecture à une demande de carnet de circulation.

Ce document, avec photo, devait être présenté tous les trois mois dans un bureau de police ou une brigade de gendarmerie pour être "visé" par les autorités. Sous peine d'une amende et d'une peine de prison, le visa était un moyen pour les autorités de surveiller les déplacements des individus, mais aussi d'interroger les fichiers pour voir s'il n'y avait pas de fiche de recherche au nom du titulaire. L'Europe a jugé ce procédé d'identité discriminatoire, d'où le remplacement par une carte d'identité, mais elle reste spécifique aux Gens du voyage.

Puisque les autorités ont perdu une partie de leur pouvoir de surveillance via les papiers d'identité, la gendarmerie a créée un fichier de recoupements d' informations sur les personnes appartenant à la communauté des Gens du voyage, qui se nomme MENS, information diffusée par Le Monde. Les instances supérieures ont démenti en partie l'existence de ce fichier, "il a existé mais n'est plus actif". C'était une atteinte à la vie privée des personnes qui y étaient inscrites, le fichier n'avait pas eu l'aval de la CNIL, Commission Nationale Informatique et Liberté.

Mais en matière de discrimination, il reste encore des droits à faire respecter, comme celui de voter. Un individu de la communauté des Gens du voyage doit attendre trois ans à partir de la date du rattachement avant de pouvoir prétendre exercer son droit de vote. Alors qu'un Sans Domicile Fixe n'a qu'à justifier qu'il est sur cette commune depuis plus de six mois.

De même lorsqu'une famille du voyage veut faire l'acquisition d'un terrain, les lois d'urbanisme lui interdisent de séjourner dans un logement mobile plus de trois mois consécutifs ou non dans l'année.

De nombreuses contraintes donc qui compliquent la vie des Gens du voyage, qui souhaitent perpétuer le mode de vie de leurs aieux.

Depuis 2011, le Conseil de l'Europe a lancé Romed, un programme de formation de médiateurs roms dans dix-sept pays européens. Ils sont une vingtaine en France, chargés d'intervenir dans tous les conflits entre Rom ou Gens du voyage et les autorités.

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