"Le nucléaire sûr n'existe pas", c'est ce qu'ont voulu prouver des militants de Greenpeace la nuit dernière à Blaye.
Quelle sécurité autour de la centrale du blayais ?
En marge des opérations d'intrusion de Greenpeace dans certaines centrales nucléaires françaises et notamment à Braud et Saint Louis en Gironde, la commission locale d'information nucléaire du Blayais tenait son assemblée générale à Bordeaux. Au programme : 'évolution de la sûreté au Blayais.
A Blaye, mais aussi à Cadarache, à Chinon et à Nogent-sur-Seine, Greenpeace a multiplié les tentatives d'intrusions dans les centrales françaises la nuit dernière. Son objectif : démontrer leur fragilité. Le ministère de l'intérieur a immédiatement réagit.
Greenpeace justifie son action
Ces opérations montrent "à quel point nos sites sont fragiles aux facteurs d'agression extérieurs, non naturels, à quel point il est facile d'atteindre le coeur d'une centrale", explique Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires pour Greenpeace. Les installations nucléaires françaises sont "sensibles" assure t-elle.
EDF relativise
EDF a pour sa part voulu relativiser ces évènements ce matin précisant qu'"il n'y a eu aucune intrusion avérée sur ces deux sites" (Blaye et Chinon).
A Nogent-sur-Seine, l'équipe de Greenpeace a été "immédiatement détectée" selon la direction d'EDF qui précise que cette action n'a eu aucune conséquence sur la sécurité des installations.
"Leur cheminement a été suivi en permanence sur le site, sans qu'il soit décidé de faire usage de la force", a expliqué EDF, ajoutant que sept des neuf personnes ayant pénétré sur le site "ont été appréhendées dans le calme par la gendarmerie".
Mais selon Axel Renaudin, chargé de communication de Greenpeace, "une partie des militants a réussi à grimper sur le dôme de l'un des réacteurs de Nogent. Ils y ont déployé une banderole sur laquelle est inscrit : le nucléaire sûr n'existe pas".
L'Etat réagit et veut prendre des mesures
Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a évoqué de possibles "dysfonctionnements" et a avoué sa surprise ce matin alors qu'il était interrogé sur France Info.
"Si l'enquête confirme l'événement, cela veut dire qu'il y a eu dysfonctionnements et qu'il faudra prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas", a t-il déclaré.
Henri Guaino pour sa part, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a jugé l'action "irresponsable de (la) part" de Greenpeace. "Il va falloir en tirer des conséquences" a -t-il dit. "On ne peut pas permettre que n'importe qui puisse entrer aussi facilement que ça dans une centrale nucléaire. On peut imaginer ce que certains pourraient en faire".
Pour Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires à Greenpeace, "il faut revoir l'approche globale de la sécurité des centrales. (La politique actuelle) ne prend en compte ni le risque terroriste ni le risque d'une chute d'avion ou d'une explosion chimique ou d'un acte de malveillance".
Championne du monde de l'atome, la France tire 75% de son électricité de son parc nucléaire, fort de 58 réacteurs.
Noël Mamère réagit "Les fameux stress-tests effectués sur les centrales ne sont que des écrans de fumée puisqu'ils ont exclu tout ce qui relève des intrusions extérieures, du terrorisme et du crash d'un avion", explique le député-maire de Bègles d'Europe Ecologie Les Verts. "A Nogent-sur-Seine les militants ont réussi à monter sur le dôme, c'est-à-dire le coeur de la centrale, au nez et à la barbe de ceux qui prétendent assurer notre sécurité. C'est la preuve que les écologistes ont raison de dénoncer les mensonges de l'Etat et du lobby nucléaire". Selon lui, "dans ce secteur hypersensible, la transparence devrait être la règle et dans une grande démocratie comme la France il n'y a pas de place pour l'incontrôlable. Il faut sortir du nucléaire et se débarrasser de cette menace". De son côté Stéphane Lhomme, président de l'association Tchernoblaye qui milite pour la fermeture de la centrale de Blaye, a estimé lundi "légitime" la "démonstration citoyenne et pacifique" de militants de Greenpeace qui ont tenté de s'introduire pendant la nuit dans la centrale près de Bordeaux. Selon lui, "Greenpeace apporte régulièrement par ces opérations la preuve que les centrales nucléaires, comme les trains de déchets, sont impossibles à protéger". "C'est la démonstration que, comme l'ont tenté des militants pacifistes, quelqu'un de mal intentionné peut entrer sans difficulté", a-t-il ajouté estimant que "ne plus avoir de centrale nucléaire enlève à des groupes terroristes la possibilité d'attaquer la France". |