Les deux hommes ont eu des échanges vifs et très techniques. Alain Juppé apparaît comme le joker de Sarkozy.
Hollande ne compte pas s'allier à Bayrou
François Hollande estime que le leader du Modem "fait une campagne de centre droit" et ne compte pas faire alliance avec lui.
L'émission des "Paroles et des actes" hier soir sur France 2 a mis face à face le candidat socialiste à la présidentielle, et celui que beaucoup à l'UMP aimeraient voir se présenter en lieu et place de Nicolas Sarkozy.
Le débat a duré quarante minutes et a essentiellement porté sur les finances publiques, dossier très technique.
Très mordant au départ, Alain Juppé a accusé François Hollande de faire de Nicolas Sarkozy "une méchante caricature" et de faire preuve d'arrogance. "Vous êtes un peu trop sûr d'avoir tourné la page".
Puis les deux hommes se sont lancés dans une bataille budgétaire, Alain Juppé attaquant point par point le programme économique de François Hollande, que celui-ci avait dévoilé dans la matinée. Le candidat socialiste a répliqué en pilonnant les choix budgétaires du gouvernement.
S'interrompant souvent, s'apostrophant à plusieurs reprises, les deux adversaires se sont rapidement enlisés dans un débat d'experts.
Pas avare de piques, François Hollande a répliqué aux attaques d'Alain Juppé en lui lançant qu'en matière d'arrogance "chacun a à faire son examen de conscience, vous avez des rechutes possibles". "Vous n'êtes pas candidat, peut-être le serez-vous si Nicolas Sarkozy ne l'est pas... ne perdez pas tout espoir!", a-t-il aussi lancé à celui que certains à droite pourraient considérer comme un recours si le chef de l'Etat décidait de ne pas se présenter.
Juppé, le joker ?
Après avoir encaissé la dissolution ratée de 1997, la meurtrissure de sa condamnation en justice de 2004 et la perte de son siège de député de Bordeaux en 2007, synonyme de départ du gouvernement, Alain Juppé tient là sa revanche.
On est aujourd'hui loin des déclarations hostiles de l'ex Premier ministre affirmant en 2010 que, s'il n'était "pas anti-Sarkozy", il n'avait "jamais cru à la rupture" chère au chef de l'Etat et se disant prêt à présenter une "offre" alternative pour2012.
Depuis son retour au gouvernement, il y a 14 mois, à la Défense puis au Quai d'Orsay, Alain Juppé s'est très vite imposé comme un Premier ministre-bis et a vu sa popularité grimper au point de le hisser dans le peloton de tête des personnalités de droite.
Aujourd'hui, il est réclamé partout en France par les élus et les fédérations UMP. Il était à Nice mercredi soir, il est attendu mardi à Suresnes, dans l'ancien fief sarkozyste des Hauts-de-Seine, il sera le 9 février au Havre et le 15 à Strasbourg.
Le 3, il recevra sur ses terres bordelaises le Premier ministre, François Fillon.
"Juppé a demandé à son cabinet d'alléger son agenda diplomatique pour être pleinement dans la campagne. Il est très écouté à l'Elysée, où on le juge totalement réglo", indique-t-on au Quai d'Orsay.
"Il a fait le deuil de sa candidature en entrant au gouvernement. Son engagement est total et loyal, il n'a pas d'arrière pensées", affirme le secrétaire d'Etat, Benoist Apparu, qui voit son mentor comme "un véritable atout" pour Nicolas Sarkozy.
"Juppé a ce côté vieux sage qui permet d'adoucir le côté virevoltant de Sarkozy", souligne un membre de l'UMP.
Il n'y a pas qu'à l'Elysée qu'on voit en Alain Juppé un personnage clef de l'après-2012, a fortiori si Nicolas Sarkozy est battu. Jean-François Copé, conscient qu'il aura un combat au couteau à livrer face à François Fillon pour le contrôle du parti, s'est rapproché du fondateur de l'UMP.
Dans leur récent livre "UMP, un univers impitoyable" (Flammarion), les journalistes Neila Latrous et Jean-Baptiste Marteau évoquent même un "axe Juppé-Copé contre Fillon" pour la présidence du parti. Un ticket donné gagnant "à 75%" par un copéiste.
Chez les parlementaires UMP, où beaucoup doutent de la victoire de Nicolas Sarkozy et songent déjà à l'effet domino aux législatives de juin, certains voudraient voir en Alain Juppé un possible candidat de substitution.
"Ca n'arrivera pas. Sarkozy ira même s'il est à 15% dans les sondages", avance un cadre UMP.
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