Le ton monte après la "bronca bayonnaise"

Après les accusations de N. Sarkozy contre le PS (d'avoir organisé les incidents), François Hollande réagit.

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BAYONNE, Nicolas Sarkozy en visite au Pays basque

"Hollande a annoncé l'épuration, forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base", avait déclaré le président-candidat jeudi après avoir été conspué lors de sa visite à Bayonne. "Le mot est tout sauf approprié et renvoie à des périodes de l'Histoire qui n'ont
aucune signification par rapport à ce qu'on été mes propos", a dit M. Hollande.

"Cela témoigne d'une culture de l'excès, de l'outrance, de la surenchère, de l'escalade à laquelle moi je ne participerai pas", a-t-il insisté en marge d'une visite à Paris, dans le XXe arrondissement. Le 19 février, François Hollande avait accusé Nicolas Sarkozy d'avoir mis en place "un Etat UMP, "un système" dans la police et la justice, avertissant que les hauts fonctionnaires qui "sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d'autres" s'il était élu à l'Elysée

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a critiqué vendredi l'utilisation des mots "épuration" et "chasse aux sorcières" dans la campagne électorale, des termes prononcés par Nicolas Sarkozy et l'UMP, qu'il "n'admet pas".

Les militants qui ont déployé une banderole, jeudi au passage de Nicolas Sarkozy, hué
dans les rues de Bayonne, assure que "la bronca bayonnaise" était "totalement indépendante de quelque parti que ce soit". "La charge de l'UMP contre le PS est ridicule, mensongère et purement électoraliste", indique les manifestants issus de l'association basque, Bizi. "Il est également risible que Nicolas Sarkozy traite de voyous et de terroristes des manifestants pacifiques qui n'avaient que leurs cris et leurs tracts comme seules armes, pendant que sa police les chargeait violemment", précise l'association.

Jeudi, au milieu d'une foule de partisans et de nombreux opposants criant "Nicolas kampora!" ("Nicolas dégage!", en langue basque), le chef de l'Etat s'était difficilement frayé un passage dans les rues étroites du petit Bayonne jusqu'au bar du Palais, rue d'Espagne, sous une pluie de bulletins de vote de Batera, un collectif réclamant une collectivité territoriale basque. 

M. Sarkozy est entré en urgence dans un bar vers 16h, manifestement pour s'y réfugier. Des oeufs ont alors été jetés sur la vitrine. Une foule compacte s'est formée devant le bar et des CRS ont été appelés en renfort pour exfiltrer M. Sarkozy vers 17h20.

Selon les observations de nos journalistes sur place, des militants PS étaient présents car ils avaient prévu une distribution de tract de longue date (avant l'arrivée surprise de Nicolas Sarkozy à Bayonne). Ils n'ont pas participé à ces débordements.


Un peu plus tôt vers 13h, des heurts avaient déjà éclaté avec les forces de l'ordre présentes sur place. Alors qu'une centaine de manifestants se tenaient à proximité de la ferme visitée par le candidat Sarkozy à Itxassou (Pyrénées-Atlantiques), un groupe d'individus a contourné le service d'ordre pour, à travers bois, s'approcher de la ferme d'où ils ont tiré des fusées en l'air. Après une course-poursuite à travers champs, trois personnes ont été interpellées et conduites à Bayonne par les forces de sécurité.

Le groupe de manifestants était composé d'opposants à la ligne à grande vitesse (LGV) devant relier Bordeaux à l'Espagne et de militants de la coalition Euzkal Herria Bai regroupant des partis de la gauche nationaliste basque.


L'affaire prend donc un tour politique car quelques minutes après ces incidents, la porte-parole du candidat UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, a accusé le Parti socialiste d'avoir organisé des "manifestations de rue" contre le président.

Alain Juppé a dénoncé "un guet-apens monté" contre le chef de l'Etat.

Le président-candidat Sarkozy a lui-même eu des mots durs : "Hollande a annoncé l'épuration, forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base", a-t-il déclaré dans le bar devant lequel des centaines d'opposants l'ont hué et insulté.

Le directeur de la communication de François Hollande, Manuel Valls, a répliqué qu'"aucun militant socialiste" n'était impliqué dans les incidents survenus à Bayonne. "François Hollande, toute son équipe, condamnent toute violence". "Que la porte-parole (Nathalie Kosciusko-Morizet), le candidat Sarkozy lui-même, se permettent d'accuser le PS d'être au coeur de ces violences, montre l'état de désarroi dans lequel se trouvent le candidat sortant et son équipe", a-t-il poursuivi.

Le député-maire de Bayonne Jean Grenet (UMP/PR) a rappelé qu'il avait "personnellement déconseillé" à M. Sarkozy de se rendre dans le petit Bayonne, considéré comme un bastion des nationalistes basques.

A lire aussi La visite de Nicolas Sarkozy au Pays basque et à Bordeaux.

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