Le verdict est attendu le 2 janvier prochain dans l'affaire de l'accident du Fokker qui avait fait un mort en 2007
PAU, L'ouverture du procès Fokker
C'était il y a 4 ans, sur la piste de l'aéroport de Pau Uzein, un avion de ligne ratait son décollage et percutait un camion. Le chauffeur avait été tué sur le coup.
Un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende ont été requis mardi devant le tribunal correctionnel de Pau contre un pilote de ligne et la compagnie aérienne Régional (groupe Air France), jugés pour homicide involontaire après un accident qui avait fait un mort en 2007.
Le vice-procureur Stéphanie Paguenaud a aussi requis une interdiction définitive de piloter à l'encontre du commandant de bord Jean-Jacques Bertrand. Etre pilote de ligne "demande de l'excellence. Certes, il a eu des réflexes étonnants et remarquables mais avant, il a contribué à tuer un homme", a estimé Mme Paguenaud, qui a concentré ses attaques sur ce pilote de 48 ans. Il lui est notamment reproché de ne pas avoir procédé au dégivrage de l'appareil, un Fokker 100 qui, le 25 janvier 2007, s'était incliné peu après son envol de l'aéroport de Pau-Uzein vers Roissy, avant de glisser sur plusieurs centaines de mètres sur le sol et de percuter un camion circulant sur une route, tuant sur le coup le conducteur. Les 50 passagers et les quatre membres d'équipage n'avaient souffert que de blessures légères.
Au moins une trentaine de personnes se sont portées parties civiles. Selon les expertises, l'accident est dû au givre qui s'était formé sur les ailes, alors que la température extérieure oscillait entre 0 et -1 degré et que du brouillard recouvrait l'aéroport où une fine neige commençait à tomber. Dans ces conditions, le manuel d'exploitation de l'appareil "est clair" et M. Bertrand "s'en est affranchi par excès d'assurance", a encore dit Mme Paguenaud. "Tout était écrit, il suffisait de lire", a-t-elle martelé.
A l'encontre de la compagnie Régional, filiale du groupe Air France, elle a requis 20.000 euros d'amende ainsi que l'affichage du jugement. L'instruction avait mis en évidence que Régional avait été informée d'accidents similaires en 1989, 1992 et 1993 et avait actualisé le manuel d'exploitation du Fokker 100 en conséquence. Mais les informations "étaient éparpillées et à la suite de l'accident de Pau, ce manuel a été remanié en intégrant des modifications", a reconnu mardi un représentant de la compagnie. Le tribunal entendait en fin d'après-midi les plaidoiries de la défense. Le pilote et Régional sont poursuivis pour homicide et blessures involontaires par manquement à une règle de sécurité. Le jugement devait être mis en délibéré.