Suicides de France Télécom: l'ex-PDG mis en examen

Didier Lombard est poursuivi pour harcèlement moral. Une première en France.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
video title

France Télécom : mise en examen de l'ex-PDG

Didier Lombard est poursuivi pour harcèlement moral. Une première en France. l'ancien dirigeant est poursuivi pour harcèlement moral. Une première en France. La famille de l'un des suicidés de l'entreprise réagit

L'enquête sur la vague de suicides dans le groupe devrait aussi déboucher vendredi sur une mise en examen de la personne morale France Télécom.

Les derniers développements judiciaires sont suivis avec beaucoup d'attention par la famille de Rémy Louvradoux.

Le salarié de 56 ans s'est immolé par le feu le 26 avril 2011 sur le parking du site France Télécom-Orange de Pichey, à Mérignac. Ses proches ont porté plainte pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui.

Arrivé à la tête du groupe en 2005, Didier Lombard avait dû quitter la direction opérationnelle de l'opérateur en mars 2010, fragilisé par une trentaine de suicides de salariés entre janvier 2008 et fin 2009.

Selon le syndicat Sud, le premier à porter plainte fin 2009, cette mise en examen d'un dirigeant d'entreprise pour harcèlement moral constitue une première en France.

Un rapport de l'Inspection du travail mettant en cause la gestion du personnel et la plainte de Sud avaient conduit à une information judiciaire en avril 2010.

Début avril, dans le cadre de cette enquête, des perquisitions ont été menées au siège parisien du groupe.

L'ancien Pdg est le premier entendu par le juge Pascal Gand qui lui a imposé un contrôle judiciaire et une caution de 100.000 euros, a précisé son avocat, Me Jean Veil.

Olivier Barberot, ancien DRH du groupe, et Louis-Pierre Wenès, ancien numéro deux, sont convoqués d'ici jeudi tandis que l'entreprise sera entendue vendredi, tous étant susceptibles d'être mis en examen.

Devant le juge, M. Lombard n'a pas abordé le fond du dossier, se limitant à rappeler le contexte de l'époque avec "des règles de concurrence particulièrement défavorables", a rapporté Me Veil.

Didier Lombard s'était défendu dans une tribune au Monde, affirmant qu'"à aucun moment, les plans conçus et mis en oeuvre par France Télécom n'ont été dirigés contre les salariés".

            Direction "alertée"

"Il n'y a aucune accélération de la procédure. Nous sommes dans une procédure normale", a pour sa part fait valoir la direction de l'opérateur.

En 2008 et 2009, le nombre des suicides de salariés s'est établi à 35, selon direction et syndicats. Engagée dans des restructurations, l'entreprise avait supprimé 22.000 postes entre 2006 et 2008 et procédé à 10.000 changements de métier.

"On souhaite qu'une mise en examen soit prononcée et qu'on puisse enfin aller vers un procès non pas contre X, mais avec des gens identifiés qui doivent répondre de leurs actes dans la période 2006 à 2008-2009, où il y a eu ces plans de suppressions d'emplois et cette crise des suicides à France Télécom", a déclaré Patrick Ackermann (Sud).

Selon le syndicat, "c'est la première fois en France qu'un ancien dirigeant d'entreprise, a fortiori du CAC 40, est mis en examen pour harcèlement moral et institutionnel".

"On se félicite que la procédure avance. C'est important pour l'ensemble du personnel et des familles", a jugé Sébastien Crozier (CFE-CGC).

"Il y a eu une volonté délibérée de compression d'effectifs sans prendre en compte les risques psycho-sociaux. Le plan Next de la direction avait été accéléré alors que remontaient des alertes sur la santé des salariés", a dit à l'AFP Me Frédéric Benoist, avocat de la CFE-CGC.

Le rapport de l'inspection du travail de 2010 pointait le harcèlement managérial dont étaient victimes en particulier les fonctionnaires, mis sur la touche, incités à changer de métier ou à quitter l'entreprise.

Le groupe a "mis en oeuvre des méthodes de gestion du personnel qui ont eu pour effet de fragiliser psychologiquement les salariés et de porter atteinte à leur santé physique et mentale", écrivait l'inspection.

Dans une lettre à Sud-PTT, l'inspectrice du travail Sylvie Cattala avait rapporté que la direction avait été "alertée à de nombreuses reprises" entre 2005 et 2009 sur l'existence de "risques psycho-sociaux pouvant être graves".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information