Le collectif « Bassines non merci ! » organise un nouveau rassemblement dimanche 11 octobre, à Epannes. Yannick Jadot (EELV), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et José Bové seront présents aux côtés des opposants au projet de 16 réserves de substitution sur le bassin de la Sèvre Niortaise.
Benoît Biteau, député européen écologiste et agriculteur en Charente-Maritime, compte parmi les opposants historiques à la réalisation de ces retenues d'eau de substitution. Ces réserves, hors-sol et plastifiées, servent à stocker l'eau en hiver en prélevant la ressource dans les rivières ou les nappes quand il a plu, pour être utilisée en été. Pour leurs détracteurs, ces "bassines" contribuent à assécher les nappes profondes et détournent les ressources en eau au profit d'une minorité d'agriculteurs perpétuant des pratiques productivistes et dangereuses pour l'environnement, encore plus dans un milieu fragile et protégé comme celui du Marais Poitevin.
Depuis plusieurs années, les manifestations se multiplient contre le projet de création de dix-neuf puis seize bassines dans le bassin de la Sèvre Niortaise et du Mignon. Elles sont prévues essentiellement en Deux-Sèvres et Charente-Maritime et quelques-unes dans la Vienne. Un protocole entre agriculteurs, écologistes et acteurs publics, a été signé en décembre 2018 pour délimiter les contours de ce projet mais, sur le terrain, il est contesté par le collectif "Bassines non merci !".
A la veille de la nouvelle manifestation prévue dimanche matin 11 octobre à Epannes, près de Niort, nous nous sommes entretenus avec le député européen écologiste et ancien élu régional, Benoît Biteau qui appelle les pouvoirs publics à entendre la voix "citoyenne et sociétale" des opposants à ces projets, défendus par les Irrigants de France et la FNSEA, avant que d'éventuelles tensions ne puissent se produire. Il parle de schizophrénie de la part des pouvoirs publics qui financent des projets concurrents autour de la préservation du milieu naturel dans le Marais Poitevin et estime que le projet ne respecte pas les lois européennes et françaises sur l'eau.
Benoît Biteau, pour vous s'agit-il vraiment ce dimanche de "l'ultime bataille"?
"Je ne sais pas si ce sera l'ultime, malheureusement en tout cas sur le dossier Marais Poitevin, c'est peut-être la dernière chance de mettre la pression pour sortir de ce projet de manière diplomatique. Je pense que si le message de la non-acceptation sociétale et citoyenne n'est pas clairement entendu par ceux qui pilotent ce projet avec la manifestation de dimanche, on risque effectivement d'arriver sur des pressions qui seront moins diplomatiques et ce serait vraiment dommage d'en arriver là. On a vu ce qui s'est passé à Sivens et à Notre-Dame-des-Landes, la détermination citoyenne est extrêmement forte dans le Marais Poitevin. C'est la dernière solution diplomatique qui est proposée ce dimanche, je ne suis pas en train de brandir des menaces, c'est parce que je sens la température et la façon dont les choses sont en train de monter sur le terrain et ni moi, ni personne ne pourront empêcher ce genre d'initiatives comme à Sivens ou Notre-Dame-des-Landes. Quand on arrive à ces extrémités, il y a un échec de la démocratie...C'est un territoire emblématique, c'est la deuxième zone humide de France, c'est un parc naturel régional. Il y a des classements officiels au titre de l'environnement et du patrimoine et on va installer des équipements qui dénaturent le paysage et l'espace et qui impactent la ressource vitale d'une zone humide et tout ça au profit d'une agriculture qui télescope ces logiques, qui est gourmande en pesticides, en engrais de synthèse et en irrigation.
C'est de la schizophrénie, on fait ça avec de l'argent public alors qu'en même temps on a des politiques publiques pour préserver cette zone."