Vendredi 19 mai, la commission de discipline de la ligue de Nouvelle-Aquitaine a prononcé une sanction d’une sévérité rare : un joueur du Vigenal F.C. a été radié à vie de la pratique du football. Le 19 mars dernier, lors d’un match, l’homme avait violemment agressé un arbitre, lui causant un traumatisme crânien et une fracture au visage.
Ce n’est pas la première fois mais c’est extrêmement rare : le joueur du Vigenal Football Club a écopé d’une radiation à vie pour son agression d’un arbitre de touche lors d’une rencontre opposant son équipe à Ruffec, lors d’un match du championnat de Régional 3, dans lequel elle évolue.
De plus en plus, les commissions de discipline des ligues régionales et des districts font preuve d’une grande fermeté. Ce vendredi, celle de Nouvelle-Aquitaine a frappé fort en prenant cette mesure rarissime, qui réjouit le président régional de l’UNAF, Union Nationale des Arbitres de Football, association qui défend les droits et les intérêts du corps arbitral.
« C’est magnifique, je ferais péter le champagne à chaque fois ! On dépend d’une ligue qui veut enrayer ces violences. Il n’y a que des sanctions disciplinaires fortes qui feront arrêter ce genre d’actes. »
Jean-Louis Ovan, président de l'UNAF Nouvelle-Aquitaine
Des barèmes de plus en plus sévères
La commission de discipline de la Ligue de Nouvelle-Aquitaine s’est appuyée sur son propre barème disciplinaire, encore plus strict que le barème indicatif établi par la Fédération Française de Football.
En effet, les instances fédérales autorisent les ligues régionales à aggraver ce barème. C’est ce qu’a décidé la Ligue de Nouvelle-Aquitaine en accord avec les clubs il y a maintenant presque 2 ans. Pour les faits d’acte de brutalité, occasionnant une blessure et entrainant une I.T.T supérieure à 8 jours, commis par un joueur à l’encontre d’un officiel et lors d’un match, la FFF préconise 9 ans de suspension quand la ligue néo-aquitaine prévoit donc une radiation.
« On ne peut pas continuer à accepter une quinzaine de cas chaque année, qui mettent en difficulté tout le système. »
Saïd Ennjimi, président de la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine
Des actes peu nombreux mais violents
Car, comme le rappellent Saïd Ennjimi et Jean-Louis Ovan, président de l’UNAF en Nouvelle-Aquitaine, ces faits de violences restent marginaux. Sur 80 000 matches joués chaque saison dans la grande région, entre 15 et 20 cas graves sont recensés chaque année. En proportion c’est peu, mais Jean-Louis Ovan précise « qu’une agression reste une agression » et le président de la Ligue, ancien arbitre professionnel, déplore un changement de la nature des actes.
« Les faits sont tout aussi nombreux, mais ils sont beaucoup plus graves qu’il y a 10 ans. Avant c’était plutôt des invectives, des bousculades, mais pas des arbitres roués de coups. »
Saïd Ennjimi, président de la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine
Jean-Louis Ovan, lui fait état d’une augmentation des menaces, de mort notamment.
Mais toujours des vocations d'arbitres
Pour autant, les vocations d’arbitres ne pâtissent pas de ces faits, isolés mais graves. En Nouvelle-Aquitaine, le nombre d’officiels augmente chaque année depuis 2017, selon David Wailliez, responsable de l’arbitrage à la Ligue de Nouvelle-Aquitaine : « Dans les 12 départements de la région, le nombre d’arbitres est en augmentation, on en compte aujourd’hui 2400, cela représente une hausse de 9%. »
D’ailleurs, dans des cas très rares mais qui existent, certains anciens auteurs d’incivilités, trouvent leur voie dans l’arbitrage. En effet, la Ligue propose parfois à des joueurs (qui ont commis des actes moins graves que des agressions physiques) d’effectuer un équivalent de Travaux d’Intérêt Général en arbitrant des rencontres, permettant ainsi d’alléger leurs peines.
Possibilité de faire appel
Le joueur du Vigenal qui a violemment agressé l’arbitre en mars dernier, lui, pourra, s’il le souhaite, faire appel de la décision de la commission de discipline. Son club, qui a écopé de lourdes sanctions sportives (retrait de 8 points au classement de R3 entrainant une relégation, 9 mois de suspension de terrain), se réunira en fin de semaine pour décider s’il fera appel ou non au sujet de ces sanctions sportives.
Mais cette affaire suivra son cours également côté tribunaux. L’arbitre a en effet porté plainte. Pour une agression physique ayant entrainé une I.T.T supérieure à 8 jours sur un arbitre, chargé d’une mission de service public, le joueur encourt jusqu’à 75 000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement.