Journée des droits des femmes : Camille Senon, une militante pour la vie

[ENTRETIEN] Camille Senon. Un nom. Une personnalité. A l'occasion de la journée des droits des femmes, qui mieux qu'elle peut évoquer des années de combats, de militantisme ? Témoin inlassable de l'Histoire, avec ses heures sombres et des moments plus lumineux, elle nous livre ses souvenirs.

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A 93 ans, Camille Senon se souvient de ses combats. La première de ses luttes est sans doute celle contre l'oubli. Le 10 juin 1944, comme chaque samedi, à Limoges (Haute-Vienne), elle prend le tramway pour rendre visite à ses parents qui vivent à Oradour-sur- Glane, mais le tramway est arrêté à quelques centaines de mètres du village.

Le SS qui nous avait fait descendre du tramway s'est approché de l'épicier et lui a déclaré que les femmes et les enfants étaient en train de brûler dans l'église. Je me suis dit, c'est inconcevable… J'ai perdu mon père, mon grand-père. En tout, ce sont 25 membres de ma famille ont été massacrés.
 


La mémoire vive

Comme la vingtaine de passagers du tramway, les nazis l'épargneront, par hasard. En 1953, elle est convoquée au procès de Bordeaux, en qualité de témoin. Elle en gardera un sentiment d'amertume et le Limousin restera longtemps en colère contre l'amnistie des Malgré-Nous, des Alsaciens, incorporés de force dans l'armée allemande et qui ont participé au massacre. 


Aujourd'hui, Camille Senon est, avec Rober Hébras, l’un des derniers témoins encore en vie de ce que fut cet acte de barbarie nazie en France.
 

L'engagement

En mémoire de son père, militant socialiste, Camille Senon va s'engager très tôt.

J'avais 11 ans au moment du Front populaire. Mon père était syndiqué donc, dès que j'ai travaillé et qu'à la Libération la CGT a été reconstituée, logiquement, j'ai adhéré.


En 1947, Camille Senon décroche son 1er poste, aux PTT, à Strasbourg, avant d'être nommée 3 ans plus tard à Paris. Elle y deviendra secrétaire de section syndicale. En février 1962, elle manifeste contre les attentats de l'OAS.

 A 1h du matin, quand le journal l'Humanité est tombé, on a vu les portraits des 8 morts. C'était au métro Charonne où avait eu lieu l'affrontement. Les gens avaient été précipités dans l'escalier du métro alors que la grille était fermée. C'est quelque chose d'absolument terrible. Puis, il y a eu les obsèques, grandioses, avec plus d'un million de personnes à Paris. Un cinéaste a même dit que c'était la première fois de sa vie qu'il avait entendu le chant des oiseaux sur la place de la République, tellement il y avait le silence de cette foule.




Autre année marquante 1968. Camile Senon et ses collègues en grève occuperont le  siège des chèques postaux, pendant près de 3 semaines.

On était là jour et nuit, à tour de rôle. On organisait les assemblées générales le matin à la cantine, les délégations qui allaient aux manifestations centrales. Les revendications ? Les salaires et la reconnaissance du fait syndical. Jusque-là, les sections syndicales d'entreprise n'étaient pas reconnues.   


Dans les années 70, le féminisme rattrape le syndicalisme.   

Il fallait s'imposer, parce qu'on ne nous prenait pas au sérieux. On voit aujourd'hui des attaques contre le planning familial, des médecins qui refusent l'IVG…


Pour Camille Senon, il faut être très attentif parce que les droits acquis risquent toujours d'être remis en cause. Et elle veille !

Récemment, elle a fait passer une pétition parmi les résidents de sa maison de retraite pour protester contre l'augmentation de la CSG. Elle a recueilli 29 signatures.

Quand on est militant, c'est pour la vie !


 
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