Deux heures pour livrer deux photos mettant en scène Abi, la mascotte de la compétition. Pour sa première participation aux Abilympics, la girondine Peggy Halna du Fretay s'est appuyé sur son univers coloré. "j'ai donné tout ce que j'ai pu mais c'est tellement subjectif".
Depuis 15 jours, les compétiteurs connaissaient le thème imposé. La mascotte Abi, ce personnage féminin aux cheveux bleus. Elle s'intégrait parfaitement avec le pop-art à la française de Peggy Halna du Fretay. La photographe de 41 ans anime des ateliers pour les élèves de la Réole et de Sauveterre-de-Guyenne. Elle leur propose de revisiter leurs autoportraits.
Alors pour Abi, elle avait imaginé un jardin de tulipes qu'elle avait peintes aux couleurs des drapeaux de tous les pays participant aux Abilympics.
Mais hier, jeudi, toutes les représentations de la mascotte qui devaient être utilisées par les candidats ont été bloquées à la frontière. C'est une autre statuette qui leur a été fournie.
"On était parti sur du pop très coloré, très enfantin. J'ai été un peu désorientée mais finalement j'ai vu la nouvelle statue comme une déesse regardant son jardin".
Peggy Halna du Fretay pratique la photographie depuis 22 ans. Elle a exposé à Sauveterre de Guyenne, au festival de la photographie de la Réole. Au Marché de Lerme de Bordeaux, en juillet dernier, elle a proposé une quarantaine d'auto portraits essentiellement dénudés.
Dans son travail, cette auto-entrepreneuse estime que son handicap neuromoteur et neuromusculaire ne la gêne pas."Au delà du handicap, il fallait briser la glace. Montrer que je suis une femme comme les autres".
"je n'ai pas de difficulté. Je suis comme vous. Si je vais mettre deux fois plus de temps à apporter mon book, il sera aussi bon"
Elle pense même que son handicap est une force en tant que photographe.
Quand on est handicapé on a le sens de l'observation. On ressent les choses plus que la normale et la photo c'est d'abord de l'émotion.
Elle se voit systèmatiquement opposé une fin de non-recevoir pour les commandes de mariage ou de baptème dès qu'elle annonce son handicap.
Pourtant, elle estime que changer le regard doit se faire dans les deux sens. Elle aussi fait un effort pour "rassurer" les personnes valides.
Ses photos boulersent. Son sourire, sa générosité attirent. L'interviewer dans les allées d'Abilympics relève du défi tant elle est sollicitée, encouragée, félicitée.
Et selon ses supporters de l'équipe de France, elle a déjà gagné la médaille du mérite.