Dimitri Fargette était accueilli depuis son plus jeune âge dans des hôpitaux psychiatriques spécialisés en santé mentale. Après une longue bataille juridique son frère a obtenu pour lui, une place dans une unité spécialisée. Un grand soulagement pour toute la famille.
Dans le Jura, c’est une histoire de mauvais placements qui serait devenue une histoire de mauvais traitements : depuis des années, la famille de Dimitri Fargette, se battait pour que l'homme de 44 ans, touché par l'autisme, puisse intégrer une structure adaptée à ses besoins. Dans quelques jours, il sera enfin pris en charge.
"Pour mon frère, pour les autres familles, ça donne de l’espoir” se réjouit Nicolas. C'est lui qui a mené ce combat pour son frère jumeau.
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Un enfant différent
Le 19 juillet 1980, Chantal donne naissance à trois petits garçons : des triplés. Raphaël, Dimitri et Nicolas. Deux ont grandi dans une même poche amniotique, Dimitri et Nicolas. Dimitri est persuadé que cela les a unis à jamais. Ils naissent prématurés, 3 mois avant terme.
Des trois garçons, un ne ressemble pas aux autres, par son physique et son comportement. C’est Dimitri. Mais personne ne sait pourquoi il est différent. À l’âge de 8 ans, Dimitri est placé en structure psychiatrique.
Au cours de sa vie, il intégrera divers établissements en Bourgogne, en Alsace, et depuis 15 ans en Franche-Comté. Dans le centre hospitalier spécialisé en santé mentale de Saint-Ylie à Dole dans le Jura. 36 ans de vie dans l’univers de la santé mentale, alors que la famille a appris en 2015 que Dimitri est autiste. L'autisme n'est pas une maladie mentale. Avant la naissance, le cerveau de Dimitri a subi des altérations entravant son langage, sa motricité, sa perception, ses émotions, ses interactions sociales. Dimitri a un trouble du neurodéveloppement.
Une bataille de tous les jours qui a porté ses fruits
Nicolas, le frère de poche, le frère le plus proche, est devenu le tuteur de Dimitri. Avec son frère Raphaël et sa mère Chantal, ils n’ont jamais abandonné Dimitri. Ils n’ont jamais accepté qu’il soit enfermé dans un établissement inadapté à ses besoins.
Il faut avoir le mental, on a l’impression que tout est contre nous.
Nicolas Fargette, frère de Dimitri
En 2019, la famille décide de porter plainte contre l’État. Le 1ᵉʳ octobre 2024, le tribunal administratif de Besançon dans le Doubs a condamné l’État à trouver dans un délai de trois mois, avec astreinte financière, une place pour Dimitri dans une MAS, une maison d’accueil spécialisée. C’est chose faite depuis le 28 novembre. Dimitri intégrera mi-décembre, une unité de l’association Sésame-Autisme de Grand-Charmont dans le Doubs.
C’est un grand soulagement après tant d’années de combat. Je désespérais un peu, on se battait depuis plus de 10 ans. On y est arrivé, c'est l'essentiel.
Nicolas Fargette, frère de Dimitri
Nicolas va enfin pouvoir souffler et retrouver le sommeil. Ce long combat a beaucoup affecté son quotidien.
Un établissement dédié à l'autisme
La structure qui attend Dimitri est gérée par l’association Sésame-Autisme. Sésame Autisme est une association de parents et de personnes autistes avec deux missions. Tout d’abord défendre les droits des personnes présentant un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) ainsi que leur famille et gérer des établissements adaptés à leurs besoins et à leurs compétences comme celui de Grand-Charmont.
Le 9 décembre, les frères de Dimitri, Raphaël et Nicolas et leur mère Chantal ont rendez-vous dans le nouvel établissement. De leur côté, des soignants iront faire connaissance avec Dimitri à Dole. Mais déjà, Nicolas a entendu dire qu’au sein de la structure, c’était du "un pour un". Entendez un soignant consacré à une personne ayant des troubles du spectre de l’autisme. Nul ne doute que Dimitri pourra s’y épanouir et s'y sentir bien.
Nicolas de son côté ne pense pas arrêter le combat. Il espère que d'autres se battront comme lui pour faire respecter les droits des personnes autistes.
En attendant, il peut prendre un peu de répit. Il est déjà prévu que Chantal et ses trois fils se retrouvent pour fêter Noël au sein de l'établissement le 20 décembre. L'autisme est une grande famille. Les Fargette y trouveront un espace pour souffler dont ils ont bien besoin.