“Le savoir enfermé en psychiatrie, c’est invivable” : le combat de l'amour pour Dimitri, autiste de 44 ans

C’est le combat de nombreuses familles d’autistes devenus adultes. Trouver un lieu qui assure une prise en charge adaptée. Dans le Jura, depuis plus de 20 ans, la famille de Dimitri Fargette se bat pour lui. L'État vient d'être condamné à trouver une place dans une maison d'accueil spécialisée.

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En ce lundi, le soleil d’automne est de sortie. Dimitri aussi. Ce Jurassien de 44 ans a quitté pour quelques heures l'hôpital psychiatrique où il est accueilli par le personnel soignant depuis 2018. Faute, alors, de structures adéquates pour cet adulte autiste. 


Chantal sa mère, Nicolas son frère et tuteur lui offrent un court moment de répit. À 44 ans, Dimitri s’allonge avec bonheur dans le trampoline du jardin. Il va donner à manger au poney. Un sourire s'esquisse sur son visage. Dimitri est un des triplés mis au monde par Chantal. Ses proches, ne l’ont jamais abandonné.



Cela fait des années qu’on lui cherche une place pour qu’il puisse enfin être libre, sortir de la psychiatrie. Pour moi, c’est dur de vivre ça, on est des triplés, on a des liens très forts. Le savoir enfermé, c’est dur, c’est invivable

Nicolas Fargette, frère jumeau de Dimitri, autiste

Une prise en charge inadaptée, l'État condamné

Au terme d’un long combat judiciaire, le 1ᵉʳ octobre 2024, le tribunal administratif de Besançon (Doubs) a condamné l’État à trouver dans un délai de trois mois, une place pour Dimitri dans une MAS, une maison d’accueil spécialisée, une astreinte de 50 euros par jour sera versée si l’État ne bouge pas. Il devra en outre verser 30.000 euros à Dimitri pour les dommages subis ces dernières années, du fait d’une prise en charge dans un milieu non adapté à un autiste. Dimitri aurait fait parfois fait l’objet de mesures d’isolement et de contention, affirment ses proches.


La famille de Dimitri Fargette recherche depuis des années une place pour cet adulte autiste. Les refus, elle ne les compte plus. “J’en ai ras-le-bol, de savoir Dimitri enfermé toute la journée, il ne prend pas l’air. On va le chercher tous les lundis pour le sortir, je vais le voir une fois par semaine pour le faire sortir et marcher” confie Chantal.


Selon l’article L 246-1 du code de l’action sociale et des familles : Toute personne atteinte du handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui sont apparentés bénéficie, quel que soit son âge, d'une prise en charge pluridisciplinaire qui tient compte de ses besoins et difficultés spécifiques. Adaptée à l'état et à l'âge de la personne et eu égard aux moyens disponibles, cette prise en charge peut être d'ordre éducatif, pédagogique, thérapeutique et social.”


L’État a jusqu’au 1ᵉʳ janvier 2025 pour trouver une solution pour Dimitri, quadragénaire autiste. Sa famille qui a besoin aussi de souffler espère enfin voir la lumière au bout du tunnel. 

Pour mon frère, j’irai jusqu'au bout. Je ne peux pas le lâcher, c’est la fraternité... Si cela m’était arrivé, j’aurais bien voulu que quelqu’un vienne à mon secours”.

affirme ému, Nicolas Fargette, ancien boxeur.

600.000 adultes autistes en France


En France, sur les 700 000 personnes autistes en France, environ 600 000 sont des adultes selon les données de la Haute Autorité de Santé. L'accompagnement des adultes autistes est moins développé et structuré que celui des enfants. Il y a un manque important de services et de structures adaptés pour répondre à leurs besoins spécifiques, et ce, malgré la mise en place d’une stratégie nationale pour l'autisme (2018-2022).  

Avec Norbert Evangelista et Hugues Perret

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