Témoignages. "Pour les proches, une immense impuissance", Gaël, atteint de troubles psychiques s’est suicidé

Publié le Écrit par Sophie Courageot

Gaël était schizophrène. Samuel, bipolaire. Ces deux Jurassiens ne sont plus de ce monde. Confrontés à la maladie, ils ont préféré la mort. Leurs familles témoignent aujourd’hui, elles font partie de l’UNAFAM, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.

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Restent les photos, les souvenirs. Et ce sentiment d’impuissance face aux maladies mentales et leur prise en charge aujourd’hui par le système de soins en France. 

Gaël a sauté un jour d'une falaise

Diagnostiqué schizophrène, Gaël a choisi d’en finir avec la vie. Il avait 36 ans. Plutôt mourir que de vivre ainsi. ”En 2020, juste avant le confinement, il a été interné à l’hôpital psychiatrique de Novillars près de Besançon et mis en contention. Suite à cela, il a refusé le soin, petit à petit. Il avait décidé de ne plus jamais mettre le pied à l’hôpital. Il a mis fin à ses jours. Il a sauté d’une falaise en mars 2022” explique sa mère Aline Derrux Dosshard, au micro de notre journaliste Norbert Evangelista.

Pour les proches, ce sont des maladies qui apprennent l’impuissance, une immense impuissance. On ne peut pas faire changer ni la psychiatrie française, ni les pathologies.

Aline Derrux Dosshard

Samuel, lui, avait écrit avec ses mots, la maladie qui le rongeait. “Il ne l’appelait pas la bipolarité, il l’appelait la folie circulaire. Il ne voyait pas comment sortir de ce cercle, comme garder des émotions donc ne pas être soigné, et ne pas être soigné, c’est aussi risqué” témoigne Marie-Helène Rouge, mère du Jurassien. Samuel, passionné de nature avait 42 ans quand il a écrit le point final de sa vie en s'élançant en plein hiver en montagne. Son corps fut retrouvé 10 mois plus tard.

Être épaulés par une association 


Pour ne pas rester seules face à la maladie de leurs enfants, ces deux familles ont rejoint l’UNAFAM, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.

“L’association m’a apporté du soutien dans un groupe de parole, des formations pour mieux comprendre le système, pour mieux venir en aide à mon fils, et pour prendre soin de moi-même” explique la Jurassienne Aline Derrux Dosshard. “C’est vrai que quand on est confronté à une maladie psychique, on se retrouve face à un système très compliqué, aussi bien pour les demandes d’allocations, les dossiers, comprendre comment marche le secteur de la psychiatrie, comment trouver une place à l’hôpital, comment en sortir”.

Les parents de Samuel, Marie-Hélène et Gilbert qui ont d’abord donné tout leur temps et leur amour pour gérer au mieux la maladie de leur fils, ont trouvé au sein de l’UNAFAM, de l’écoute, de la bienveillance, du temps que n’offrait pas le système de santé actuel.

“Je voudrais que la contention en psychiatrie n’existe plus”


En témoignant, ces deux familles alertent aussi sur l’état du système de soins psychiatrique en France.

C’est triste, un hôpital psy, il y a des barrières, des filets. Faut appuyer pour entrer. Ils sont internés. C’est un internement, et qui n’est pas toujours choisi, mais subi.

Marie- Helène Rouge

“Je pense qu’on pourrait faire mieux en France. Je pense que le système, il est vraiment violent pour les malades et les soignants, l’institution, le manque de moyens, et le manque d’accueil de nouvelles thérapies. Il y a, je trouve, une inertie énorme par rapport à des pays comme la Belgique ou le Canada, ou des choses sont mieux faites, et où surtout l’argument du “moins cher” est injustifié” déplore la mère de Gaël. 

La santé mentale des Français grande cause nationale

En France, une personne sur trois souffre d'un trouble psychique à un moment de sa vie, environ deux millions de Français sont pris en charge chaque année en psychiatrie et 25% de la population consomme des anxiolytiques, antidépresseurs et autres psychotropes, pointe un rapport remis au Haut commissariat au plan. Le "service public de la santé mentale"... "peine à répondre aux besoins", pointe aussi ce rapport qui fait le constat de l'"engorgement" des structures publiques d'accueil.

Le nouveau premier ministre Michel Barnier a érigé la santé mentale grande cause nationale en 2025. Les Français notamment les jeunes ne vont pas bien. Le système hospitalier n'est pas à la hauteur. D’après la Fédération hospitalière de France, plus d'un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements publics de psychiatrie.

L’UNAFAM recherche des bénévoles


Dans le Jura, l’UNAFAM, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques recherche des bénévoles pour épauler des familles. Elle compte une centaine d'adhérents. Vous pouvez joindre l’association au 06 48 82 46 79.

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