A la dérive depuis un mois et en pleine crise, Bordeaux va jouer gros jeudi à Sion en ligue Europa et dimanche à domicile en championnat face à Monaco. Une semaine à quitte ou double.
Il en a vu bien d'autres depuis bientôt vingt ans qu'il préside aux destinées de son club. Alors s'il y a bien un Bordelais qui reste calme dans la tempête c'est Jean-Louis Triaud. Cette semaine, le président des Girondins s'est employé à déminer le terrain et à ramener le calme en interne: réunions avec les joueurs dimanche dernier au lendemain du naufrage à Ajaccio (0-2), discussion avec son entraîneur Willy Sagnol et présence médiatique. Le message interne et externe est clair pour le moment : solidarité et soutien à l'entraîneur qu'il n'est pas (encore ?) question de démettre de ses fonctions. Une gestion de crise classique donc mais qui ne reflète pas tout à fait la réalité en interne et qui pourrait ne pas résister aux deux prochaines séances capitales pour la suite des événéments. Car c'est un secret de polichinelle, le vestiaire n'adhère plus beaucoup aux conceptions, parfois à géométrie variable, de son entraîneur et à sa méthode. Le point de non retour n'est pas encore atteint mais les tensions sont fortes. Et Sagnol ne peut l'ignorer : "je n'ai pas le sentiment d'être lâché par les joueurs. Mais il y a des fissures dans le groupe entre les joueurs, des choses en interne et des attitudes. C'est un problème de valeurs. La question c'est que puis-je faire pour l'autre? Aujourd'hui, la réponse est strictement rien". Depuis, l'entraîneur a entendu ses leaders dans le vestiaire prendre la parole pour défendre l'unité du groupe.
Sion et Monaco décisifs
La stratégie du club de faire bloc dans l'adversité et de ne pas se diviser encore plus, ce qui semble difficile, va vite être confrontée à la réalité du terrain. Jeudi soir dans le Valais Suisse, les Girondins n'auront guère droit à l'erreur pour espérer encore se qualifier pour les seizièmes de finale de la ligue Europa. Derniers du groupe avec deux petits points en trois journées, ils abordent la phase retour dans de mauvaises conditions chez le surprenant leader de ce groupe B. Dans son stade du Tourbillon, le Sion de Didier Tholot, l'ancien attaquant de Bordeaux et entraîneur de Libourne Saint-Seurin, peut quasiment assurer son ticket pour le printemps européen. Au-delà du résultat, car rien ne sera définitif jeudi soir quelque soit les scores de la soirée, le comportement des Bordelais sera scruté de très près."Ce match de Sion doit nous permettre de préparer la réception de Monaco" assure Jean-Louis Triaud. Une nouvelle claque en Suisse plomberait un peu plus l'atmosphère avant le match contre les Monégasques.
Bordeaux en est-il capable ?
Mais en une semaine les Girondins peuvent difficilement guérir de tous leurs maux qui les accablent : organisation tactique déficiente, défense passoire (18 buts encaissés en championnat), attaque de papier (14 buts), manque de leader. Alors il reste bien sûr l'orgueil, la volonté classique de rachat après une humiliation. Mais au-delà des deux échéances cruciales de la semaine, il faudra autre chose pour redresser durablement la situation. Vu le niveau général des Girondins et l'ambiance très tendue qui règne à l'intérieur du club, cela semble aujourd'hui compliqué. A Sion et contre Monaco, c'est donc un terrible quitte ou double qui s'annonce."Moi ce qui m'intéresse c'est le prochain match, celui de ligue Europa donc" confie Willy Sagnol. Comme ses hommes, il est attendu au tournant. Car le peuple marine et blanc gronde.