Alexandre Pénicaud termine ce vendredi sa première semaine de professeur d’histoire géo « 2.0 » à domicile. Entre galère, espoir, inquiétude et belles surprises avec ses 170 élèves. " « Certains sont seuls, sans accompagnement parental. D’autres sont nombreux dans la famille "
Alexandre Pénicaud est professeur d’histoire-géo au collège Jean Moulin de Saint-Paul-Les-Dax dans les Landes. Il a sous sa responsabilité 170 élèves : 6 classes, de la 5ème à la 3ème.
Une semaine après le début de "la classe virtuelle" à la maison, difficile de faire un bilan précis et définitif car l’organisation de ce dispositif inédit à l'échelle de l'Education nationale n'en est qu'à ses débuts. « J’ai plutôt bien vécu ma première semaine, même si j’ai été surchargé de travail. Une chose est sûre : les élèves sont en demande ».
Alexandre a tout de suite dû réfléchir à une organisation pour que tous les élèves aient du travail mais en évitant les surcharges. « Avec les outils numériques dont nous disposons, j’ai crée des espaces de discussions pour expliquer à chaque classe ce que j’attends d’elle : un minimum de temps de travail par jour pour arriver aux trois heures de travail hebdomadaire en histoire-géo. En début de semaine, je donne le travail à faire et en cette fin de semaine ils doivent me rendre un devoir ou alors répondre à un QCM. Entre temps, je reste à leur disposition en visio-conférence ».
Aide à la pratique numérique
Dès mardi, une trentaine d’élèves l’ont spontanément sollicité pour répondre à des questions pratiques : « Comment télécharger un document par exemple. Je me suis aperçu que je devais les aider à développer leur pratique numérique. Ils savent très très bien se servir des réseaux sociaux mais là, ça n’a rien à voir et certains sont perdus ».
Mais Alexandre tient aussi compte du contexte dans lequel les élèves travaillent à la maison. « Certains sont seuls, sans accompagnement parental. D’autres sont nombreux dans la famille et les grandes fratries doivent s’organiser pour travailler. Voilà pourquoi je leur laisse la semaine pour faire le travail demandé. Ça leur permet de trouver le temps nécessaire. »
Quoi qu’il en soit, lorsqu’il relèvera les copies ce vendredi soir, la note ne comptera pas. Il est trop tôt pour faire une évaluation « de bilan. Là, ce sera plutôt une évaluation diagnostic qui permettra de réajuster la méthode de travail ».
"maintenir un lien avec la scolarité"
Dans les Landes, tous les élèves de 3ème et de 4ème sont dotés d’un ordinateur personnel portable. Quelques collèges ont équipé les classes de tablettes, ce qui ne règle pas pour autant la question de l’accès à internet dans certains foyers. « La direction a pris les devants pour ces élèves-là. Des clés USB ou des photocopies avec le travail à faire sont à la disposition des familles au collège. Très honnêtement, l’implication de la direction et de toute la communauté scolaire depuis une semaine est remarquable. Tout est fait pour qu’une continuité pédagogique se fasse. C’est un beau travail d’organisation qui a été fait ».La perspective d’un confinement prolongé inquiète sans affoler le professeur d’histoire-géo :
Je maintiendrai le lien avec mes élèves quoi qu’il arrive, c’est primordial. Il est hors de question qu’on perde le fil. Et même si on n’arrive pas à avancer dans le programme, on doit maintenir un lien avec la scolarité. Là où je suis un peu plus inquiet, c’est pour les 3ème et le brevet qui arrive.
Pour l’heure, les élèves d’Alexandre Pénicaud ne semblent « pas plus préoccupés que cela » par le confinement et la situation sanitaire. « Certains m’en parlent. On échange là-dessus. Certains posent des questions notamment s’il existe du confinement dans d’autres pays, etc… ».
Ses élèves de 5ème, dont il est le professeur principal, étaient plutot contents de le voir en visioconférence dès lundi :
Une maigre consolation pour Alexandre :
Le plus frustrant est de ne de pas les avoir en face. Le meilleur des outils numériques ne pourra jamais remplacer le lien élève-enseignant. Jamais.