Depuis samedi 18 novembre, les habitants des Landes ont pu constater sur leurs plages l'échouage de plusieurs sacs contenant des microbilles de plastique, charriés par l'océan. C'est la première fois que des sacs entiers se retrouvent sur le littoral landais. L'ONG Surfrider Foundation appelle à la vigilance.
Au milieu des grains de sable, des centaines de microbilles de plastique. Pire encore : ce sont cinq sacs entiers contenant ces granulés de plastiques industriels qui ont été retrouvés, depuis le samedi 18 novembre, sur plusieurs plages des Landes. Seignosse, Vieux-Boucau, Messanges, Contis... le littoral landais fait face à une pollution plastique d'une ampleur inédite.
"C'est la première fois qu'on voit des sacs entiers échoués sur nos plages, se désole Solène Lozac'h, membre de l'ONG Surfrider Foundation. Les microbilles de plastique sont des déchets connus depuis des années, on en trouve toujours des quantités énormes sur les plages, surtout en automne-hiver après les tempêtes. Mais des sacs, c'est la première fois."
Une pollution de tout l'écosystème
Ces sacs de vingt-cinq kilogrammes contiennent des millions de minuscules billes de plastique, qui sont utilisées par l'industrie comme matière première pour fabriquer leurs produits. Extrêmement polluantes, ces microbilles constituent un réel danger pour l'écosystème littoral.
"Comme elles sont petites, elles sont très volatiles et se dispersent très vite. Les animaux marins, que ce soient les poissons, les cétacés, ou même les oiseaux, vont ensuite les ingérer et être contaminés par ces plastiques", développe la bénévole.
Ces billes, c'est 90 % de plastique et 10 % d'additifs, qui sont toxiques pour les milieux marins et contaminent l'ensemble de la chaîne alimentaire.
Solène Lozac'hmembre de l'ONG Surfrider Foundation
Une pollution plastique qui devient habituelle sur le littoral landais, et qui attriste les habitués de ces plages. "On le voit, l'océan est un peu devenu une déchetterie sauvage, déplore un habitant, qui surfait régulièrement à Seignosse quand il était jeune. Le plastique, vous pouvez en ramasser des kilos et des kilos ici ! Il suffit de poser les yeux par terre, et on en voit partout."
Un autre habitué des promenades le long de l'océan, à marée basse, affirme voir "tout le temps" des microbilles de plastique, même s'il salue le travail des collectivités qui viennent entretenir régulièrement les plages. "Pour qu'il y ait des sacs qui arrivent, il a dû se produire un accident en mer. Je ne pense pas que ça soit volontaire", s'avance même le promeneur.
Une cause toujours inconnue
Pour Surfrider Foundation, ces sacs de microbilles de plastique proviendraient d'un conteneur tombé d'un bateau au large, en train de déverser son chargement. Mais l'ONG ne dispose pour l'instant d'aucune preuve d'un tel événement. "Il n'y a eu aucune déclaration de perte de conteneur, donc on ne peut rien affirmer. Mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas le cas", alerte Solène Lozac'h.
A ce jour, nous avons récupéré cinq sacs. Mais on imagine qu'il y en a beaucoup plus, soit qui ont coulé, soit qui vont venir s'échouer sur nos plages dans les jours à venir.
Solène Lozac'hmembre de l'ONG Surfrider Foundation
L'ONG est toujours à la recherche "du moindre indice" pour parvenir à identifier d'où proviennent ces sacs. Et donne ses consignes pour les promeneurs qui viendraient à tomber sur de nouveaux contenants échoués sur le littoral landais. "Avant de bouger le sac, prenez-le en photo sous tous les angles, et essayez de repérer une inscription, quelque chose qui pourrait l'identifier, avant de transmettre ces informations-là à notre association."
Des sacs à manier avec précaution
Il faut également être précautionneux, car si certains des sacs charriés par l'océan se sont déjà éventrés, déversant leur contenu plastique dans l'eau et sur la plage, d'autres sont fragilisés par leur séjour en mer, mais encore bien remplis. "La priorité, c'est que le sac ne reparte pas dans l'océan avec la marée, insiste Solène Lozac'h. Si vous le pouvez, il faut essayer de le remonter le plus haut possible sur la plage, avant de prévenir les autorités locales pour qu'elles viennent le ramasser."
Surfrider Foundation encourage tous les promeneurs sur les plages à rester vigilants à d'éventuels nouveaux sacs, pour essayer de lutter au maximum contre la pollution plastique. En 2021, le ministère de la Transition écologique estimait qu'en Europe, environ 265 000 granulés de plastique finissaient dans l'océan chaque seconde.