Ce samedi 27 avril sera la date d'ouverture de la pêche au brochet. La capture du poisson a déjà débuté dans les Landes, pour la bonne cause : celle de la préservation de l'espèce. Pour cela, la fédération de pêche du département mène chaque année une opération de sauvetage des alevins dans le sud du département.
Dans leur seau, les spécimens qui s'agitent vigoureusement ne mesurent que cinq à huit centimètres. Des alevins de brochets qui font l'objet d'un véritable sauvetage.
Car comme chaque année, au printemps, la fédération de pêche du département organise une opération de prélèvements de ces brochetons. Vincent Renard, le directeur de la fédération, assure que c'est une démarche essentielle à leur préservation.
Ces alevins ont éclos, entre décembre et février, au cœur des marais où les brochets viennent pondre durant les crues hivernales. La zone est encore humide, mais la saison approchant, va avoir tendance à s'assécher, "du fait de l'abaissement de la nappe et de la végétation", précise-t-il.
C'est pourquoi, ces petits brochetons vont être capturés dans ces marais pour être relâchés dans d'autres cours d'eau plus accueillants où ils trouveront un environnement plus propice à leur développement.
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Une fois capturés, ces alevins vont être déplacés dans d'autres cours d'eau des Landes et ainsi poursuivre leur croissance pendant deux ans. Seul un brochet sur mille pourra espérer atteindre l'âge adulte. Comme on l'a vu, un environnement défavorable tel un assèchement peut limiter, dès la ponte, la survie de l'espèce. Cette opération de sauvetage permet de faire le lien entre la zone de ponte "nurseries" comme on les appelle vers les zones de croissance.
À cette taille-là, le petit brochet représente encore une proie vulnérable face aux prédateurs, et tout d'abord dans leurs propres rangs, avec une forme de "cannibalisme", comme le dit Vincent Renard. "C'est une espèce de carnassiers : les grands vont manger les petits", comme d'autres prédateurs. Des oiseaux comme les aigrettes ou les hérons, mais aussi d'autres poissons un peu plus gros. Mais "la particularité de cette espèce est qu'elle va mesurer très rapidement une taille suffisamment importante pour être tranquille : en un an, elle va mesurer 25 cm !"
Alexandre Perrin et Thierry Gardet ont pu suivre un sauvetage de brochetons en Pays de Marensin.
Une pêche électrique
Ces captures encadrées strictement par la fédération sont effectuées grâce à une technique de pêche très réglementée : la pêche électrique. Il s'agit d'une "nage forcée vers l'anode", explique Vincent Renard, la cathode étant dans l'eau reliée à une tige en cuivre. Mais il le précise, "cette pêche est interdite par la loi, mais autorisée par arrêté préfectoral", dans cette mission de conservation.
C'est une technique qui est le plus souvent utilisée par l'Office Français pour la Biodiversité (OFB) pour étudier les populations de poissons dans les cours d’eau. Sur un tronçon définit à l’avance, les équipes de pêche remontent le cours d’eau, munis d’électrodes pour étourdir les poissons et d’une épuisette pour les capturer. Cette méthode doit obéir à un protocole très strict afin que les données soient comparables d’une année sur l’autre. Les poissons sont ensuite comptés, regroupés par espèces, mesurés et pesés de façon à faire un "instantané" de la population en un lieu donné.
Le brochet aquitain
Le brochet aquitain se plaît dans des milieux sablonneux pauvres en végétation. Il est tolérant aux variations de salinité et de température, c'est pourquoi on le retrouve dans les cours d'eau landais non loin du littoral atlantique.
C'est une espèce dit "parapluie" ou sentinelle, car sa présence est symptomatique d'un environnement particulièrement propice. "Quand on en trouve beaucoup, c'est que le milieu est de qualité et fonctionnel". Dans les Landes, il y a une grande disparité. "Des secteurs où on assiste à un effondrement des populations et d'autres secteurs où les populations se sentent très bien."