Le père de famille d'Ychoux a été victime des coups de feu de son voisin. L’auteur des faits est renvoyé devant la Cour d’Assises des Landes. L'auteur est en liberté conditionnelle depuis bientôt un an. Le magistrat retient la thèse raciste.
Crime raciste ou simple querelle de voisinage, thèse défendue par la défense de Claude Gorski, un ancien militaire, la soixantaine à l'époque ? Les jurés vont pouvoir trancher. La date du procès n'est pas encore fixée mais une étape décisive vient d’être franchie dans la procédure judiciaire ouverte le 20 mai 2018.
Ce jour-là, un voisin tire cinq balles sur Saïd El Barkaoui devant les siens, dont deux dans le dos. Un drame qui secoue cette petite commune paisible d’Ychoux dans les Landes. Le 4 juin 2018, tout juste de retour à son domicile après son hospitalisation, le père de famille décède d'un AVC.
Depuis, sa famille n'a eu de cesse de dénoncer les motivations racistes du voisin Claude Gorsky. "Avant de tirer, il l'a insulté, une nouvelle fois, de 'sale bougnoule'" Et il a rajouté ces mots : '"Je t'avais bien dit que te butterais' ".
Sa femme Angelina et ses quatre enfants vont être épaulés par la famille et des amis. Deux associations majeures, SOS Racisme et le MRAP, vont aussi les aider dans ce combat judiciaire qui s'annonce.
La thèse raciste retenue par l'instruction
Les parties civiles viennent d'être informées lundi 16 novembre par une ordonnance du juge de la mise en accusation de Claude Gorsky devant la Cour d’Assises des Landes pour tentative de meurtre avec préméditation, en raison de l’appartenance réelle ou supposée à une ethnie, une nation ou une prétendue race.La version avancée par la défense n'a donc pas pour l'heure convaincu. Par la voix de Maître Anthony Sutter, elle a évoqué une "querelle de voisinage" ayant dégénéré, "sans lien avec les origines de la victime".
Ce devrait être un soulagement pour la famille, mais pas totalement. Depuis un an, ses proches contestent la mise en liberté conditionnelle de l'auteur des coups de feu mortels, après 18 mois de détention préventive. D'autant qu'aujourd'hui, celui qui ne pouvait plus demeurer dans les Landes par décision de justice, et qui séjournait en Gironde a quitté l'Aquitaine.
Les motifs de sa libération sont incompréhensibles. On nous explique qu'il n'y a pas eu de troubles à l'ordre public durant la marche blanche, donc il n'y a aucune dangerosité. Même si sa version à lui diffère de ce qui s'est réellement passé, on le remet en liberté.
Depuis un an, la soeur de la victime déplore cette décision : "J'en veux beaucoup, non pas à la justice, mais à la cour d'appel de Pau. Le savoir en liberté, alors qu'il a tiré cinq fois sur mon frère, dont deux balles dans le dos quand il était à terre, c'est inadmissible."
"Une telle situation ne peut être perçue que comme une injustice qui nous l’espérons, sera la plus courte durée possible," précisent les soutiens de la famille. "Pour toutes ces raisons, nous attendons à présent avec détermination l’ouverture du procès et comptons sur la justice pour en assurer la tenue dans des délais respectables et tolérables."