A Souprosse, l'artisan-conserveur Dupérier transforme actuellement 350 canards par semaine, contre habituellement 900 par jour. Les canards du Sud Ouest se font rares, en raison de l'abattage préventif des volailles pour freiner l'épizootie de grippe aviaire. Et l'activité devrait encore tourner au ralenti, jusqu'à l'été, dans la filière de transformation.
Depuis le début de l'année, Robert Dupérier doit s'adapter au manque de volailles en provenance des élevages du Sud Ouest où il se fournit exclusivement.
Artisan-conserveur à Souprosse dans les Landes, son activité tourne au ralenti. Magrets de canards, foies gras de canards ou d'oies se font de plus en plus rares sur le marché : impossible de satisfaire toutes les commandes, notamment celles de restaurateurs.
Habituellement nous transformons entre 800 et 900 canards par jour. Actuellement, c'est 350 par semaine. Cela devient très très compliqué !
Robert Dupérier, artisan-conserveur
Ses canards proviennent actuellement des Pyrénées-Atlantiques ou du Gers, encore un peu de Dordogne où les abattages préventifs se multiplient face à la flambée épidémique.
Reprise d'activité progressive cet été ?
Robert Dupérier a déjà eu recours au chômage partiel pour assurer la pérennité de son entreprise qui emploie 24 salariés. Pour assurer l'activité, il diversifie également la gamme de produits, en réalisant par exemple des conserves de haricots tarbais ou de viande de sanglier en sauce.
Et la situation n'est pas prête de s'arranger pour la filière de transformation qui se fournit dans la zone géographique du Sud-Ouest: les élevages redémarrent en effet lentement et pas partout.
Les premiers canetons arrivent à peine dans ceux des Landes. Il faudra attendre cet été pour que ces bêtes atteignent l'âge adulte.
Il faut 13 à 14 semaines d'élevage pour une bonne qualité de viande. On reprendra une activité progressive en juillet. Mais à condition que l'épidémie disparaisse.
Robert Dupérier
Une seule solution selon cet artisan-conserveur : la vaccination systématique des volailles contre la grippe aviaire qui dépeuple les élevages français depuis plusieurs années.
Le Sud-Ouest produit 40% du Foie Gras français
La propagation de la grippe aviaire a déjà entrainé l'abattage préventif de plus de 15 millions de volailles dans le pays. Près de 1 300 foyers ont été détectés, un record. Et pour la première fois, la Bretagne, première région avicole, est touchée.
Selon l'interprofession de la filière foie gras, la grippe aviaire va engendrer une baisse significative de la production de foie gras en 2022.
L'an dernier déjà, 11.600 tonnes de foie gras ont été produits en France contre 16.700 tonnes l'année précédente. La production a chuté de 10 tonnes depuis 2014.
Les prix s'en feront forcement ressentir pour les consommateurs.
Des parlementaires aquitains alertent les pouvoirs publics
Face à cette situation sanitaire inédite et aux conséquences économiques sur la filière, dix parlementaires aquitains (dont les députés landais Fabien Lainé et Lionel Causse) réclament des mesures économiques d’urgence avec la mise en place d'une stratégie nationale d’accompagnement des entreprises.
Dans cette tribune, ils demandent aussi une meilleure répartition des troupeaux reproducteurs pour assurer la pérennité de la production artisanale de foie gras. La concentration des couvoirs dans les mêmes secteurs a été un facteur décisif dans la propagation de l’épidémie, expliquent les signataires.