Cultiver des huîtres par vingt mètres de fond, nichées au coeur de récifs artificiels, c'est le pari lancé par une association landaise qui veut ainsi anticiper l'avenir de la filière ostréicole et ses pollutions chroniques dans des espaces contraints.
Voici déjà trois ans que l'idée lui trotte dans la tête: le 29 septembre, Gérard Fourneau, le président d'Aquitaine Landes Récifs (ALR), a le sourire derrière son appareil photo en immortalisant l'instant. Face à lui, au large du port de Capbreton, à moins de 1,5 mille de la côte (2,7 km), le baliseur Gascogne, venu du Verdon (Gironde), vient de mettre à l'eau son nouveau modèle de récif à la structure hexagonale, nommé Babel.
Avec le récif est également immergé un imposant bloc de béton de 4,5 tonnes sur lequel des "paniers australiens" (paniers suspendus qui n'ont pas besoin d'être retournés, contrairement aux poches classiques) s'accrochent à d'immenses supports métalliques de plus de 2,50 m de haut. En quelques minutes, la méga-structure est lentement déchargée sur les fonds marins par vingt mètres de fond, au sein d'une concession de 16 hectares interdite à la pêche.
Positionnés dans le sens de la houle pour se balancer tout seuls par vingt mètres de fond, ces paniers (il peut y en avoir jusqu'à 68 par récif) abriteront dans quelques semaines des naissains d'huîtres, et des pétoncles, qui y seront déposés par des plongeurs. C'est la première étape concrète du projet Nérée, du nom du dieu marin primitif de la mythologie grecque, surnommé le "vieux de la mer".
Les prélèvements effectués par des plongeurs seront étudiés par des biologistes puis transmis à la station marine de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) à Arcachon ainsi qu'au Comité régional de la conchyliculture (CRC) Arcachon Aquitaine. L'association ALR, basée à Saint-Paul-lès-Dax, implante depuis près de vingt ans des récifs artificiels au large des côtes landaises afin de favoriser le repeuplement des écosystèmes sous-marins. Au total, près de 2.500 m3 de récifs ont été immergés depuis 1996 : 870 sur Capbreton, 870 entre Vieux-Boucau et Soustons, et 670 entre Moliets et Messanges.