Ils sont quelques uns dans les Landes à avoir parié sur cette légumineuse, souvent pour nourrir directement leurs volailles. C'est le moment de la récolte et finalement le soja semble avoir bien résisté aux fortes chaleurs de cet été.
Christophe Mesplède, exploitant agricole à Rion-des-Landes, est en pleine récolte du soja qu'il cultive sur quatre hectares. Il a effectué les semis il y a quatre mois, à la mi-mai. La légumineuse a donc poussé durant les fortes chaleur de l'été. Pourtant, comme il l'explique, la plante sait s'adapter même si elle a besoin de la même quantité d'eau que d'autres plantes comme les graminées. Le soja peut ainsi ralentir sa croissance en attendant un moment plus propice pour continuer sa pousse.
Pour développer ces gousses de soja, la légumineuse fixe sur ses racines l’azote contenu dans la terre. Sa culture se passe ainsi d’engrais azoté dont les prix ont triplé cette année.
Cela fait 8 ans que cet exploitant agricole a fait le choix de la culture du soja. Pour lui, l'enjeu était de produire du soja bio pour nourrir ses volailles.
Regardez le reportage de Mathilde Rezki et Laurent Montiel.
Souveraineté protéïnique
Cette résistance à la chaleur est un des nombreux atouts de cette culture que la France appelle pourtant de ses vœux. C'est du moins la déclaration d'Emmanuel Macron, souvenez-vous, en 2019 au G7. Il souhaitait recréer "une souveraineté protéinique de l'Europe".
L'Union Européenne est le 2e importateur mondial derrière la Chine (environ 100 Mt par an). Elle importe chaque année 17 millions de tonnes de protéines brutes végétales (soja, légumes secs, tournesol...) parmi lesquelles 13 Mt sont à base de soja et représentent l'équivalent de 30 millions de tonnes de graines de soja (chiffres 2019). Au total, 87% de ce soja importé sert à nourrir les animaux.
La plupart des tourteaux de soja utilisés dans l'alimentation animale sont essentiellement produits en Amérique (Etats-Unis, Brésil, Argentine) et rarement selon les règles de l'agriculture biologique (OGM).
En Aquitaine, la filière soja progresse et surtout en Lot-et-Garonne. Cette culture, qui a démarré en France dans les années 70 est pourtant, comme le maïs, parfois décriée car elle nécessite une irrigation régulière.
Pourtant, la légumineuse possède bien des vertus. Sa graine végétale est riche en protéines : deux fois plus que les lentilles. elle est également équilibrée en acides aminés comme l'est l'œuf, qui est une référence en la matière.
On constate d'ailleurs un "nouvel" engouement de cette culture avec quatre fois plus de surface cultivée depuis 2012. Dans le Sud-Ouest et donc en Aquitaine, c'est une plante qui se cultive beaucoup en bio. 18 à 20 % des surfaces françaises et près de la moitié en Aquitaine.
Un engouement sommes toutes mesuré puisqu'à l'heure actuel, il est moins cher de l'importer que de le produire. Mais les derniers événements géopolitiques auront sans doute de nouvelles incidences sur le cours des céréales et du soja.
Certains agriculteurs, parfois incités et soutenus par des groupements interprofessionnels ou coopératives, se sont mis à la légumineuse qui est intéressante car elle ne nécessite pas d'engrais et connaît très peu de parasites ou maladies.
Le site de Captieux, en Gironde, est situé au croisement des départements de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne, a été retenu pour mettre en place un suivi sur plusieurs années de la culture du soja et identifier les priorités dans l’itinéraire de conduite du soja bio.