Landes : une ferme bio où travaillent des détenues en fin de peine

C’est une manière de préparer la réinsertion de ces femmes. Et Alexandre Azarian, le maraîcher de la ferme les voit s’ouvrir peu à peu. Il espère obtenir l’agrément pour accueillir sept personnes de plus.

A Tarnos, dans les Landes, c’est un petit coin de terre qui pourrait bien faire des émules. « Je vais vous montrer comment on va désherber les planches », dit Alexandre Azarian, « c’est sensiblement la même chose que la dernière fois ». Tous les matins, le maraîcher encadre les détenues sur ses parcelles cultivées en agriculture biologique.

Six femmes payées au Smic

Depuis octobre 2020, la ferme Baudonne d’Emmaüs accueille six femmes bénéficiant d’un aménagement de peine. La structure leur offre un travail et un logement, et au-delà la possibilité de retrouver un quotidien à l’extérieur, s’ouvrir à nouveau à la vie et se projeter. Car un accompagnement socioprofessionnel leur est aussi proposé.

"Nous accueillons des femmes détenues en fin de peine", explique Gabriel Mouesca, le directeur de la ferme de Baudonne.

« Ce sont des femmes qui peuvent rester entre quatre mois et deux ans dans notre établissement. Je précise qu’elles sont salariées et qu’elles ont des contrats de 26 heures par semaine payées au Smic ».

Gabriel Mouesca

« J’aime bien ce travail, c’est bien pour moi » 

« Aujourd’hui, on ne plante que les choux-fleurs », explique Osijana. « Mais on a planté beaucoup de légumes. C’est nous-mêmes qui avons fabriqué la serre et commencé à planter tout ça avec le chef Alexandre. J’aime bien ce travail, c’est bien pour moi".

Ici, c’est bien, on discute ensemble, on vit ensemble, on fait à manger ensemble. S’il y a un problème il y a quelqu’un qui parle avec toi pour te soulager.

Osijana

"C’est comme cela ici", poursuit la jeune femme." "On commence le travail à 8h30 mais depuis juin c’est 7h jusqu’à 9h30, là on fait la pause. Et à 10h on reprend jusqu’à midi. Cet après-midi, il y a beaucoup de trucs à faire. On travaille en collectif. On fait le ménage. On travaille dans la serre pour désherber. Tout ça c’est nous-mêmes qui faisons tout. Il y a des haricots verts, des courgettes, des poivrons, des concombres, des tomates, tomates cerises, aubergines, du basilic et tout ça. On a commencé un peu à les vendre sur une table de 16h à 19h ».

« Sur certaines personnes, on voit des évolutions rapides »

Alexandre Azarian, le maraîcher travaille avec ces femmes tous les jours. Il observe leurs progrès sur l’exploitation. Mais aussi et surtout, il note discrètement des changements dans le comportement de ces femmes qui ont connu l’incarcération. « Sur certaines personnes, on voit des évolutions rapides et qui sont parfois impressionnantes", se réjouit-t-il. 

On part parfois d'une personne qui est quasiment mutique, le mot est peut-être un peu fort, à une personne qui revient complètement à la vie.

Alexandre Azarian

Jeudi 2 septembre, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Morretti, se rendra à la ferme. Il a fait de la réinsertion par le travail une de ses priorités, annonçant en mars dernier la création d’un statut de détenu travailleur. Il s’agit de revaloriser le travail en prison. Cette initiative landaise concernant les détenus en fin de peine va donc dans le même sens.

Réinsertion par le travail voulue par Eric Dupond Moretti

Sa venue à Tarnos est donc clairement l’occasion de mettre en avant pour lui ce type d’initiatives. « Maintenir des gens dans ce type de structure est beaucoup moins destructurant et désocialisant que de maintenir la personne en milieu carcéral, donc c’est du gagnant-gagnant à tous niveaux », explique le directeur de la ferme. « Il faut qu’on puisse essaimer ce type de structure ». La ferme de Baudonne espère maintenant obtenir l’agrément pour accueillir sept personnes de plus .

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