L’annonce est tombée ce mardi 20 août. Le gouvernement démissionnaire réitère sa campagne de vaccination des canards contre la grippe aviaire jusqu’en décembre. Moins importante et sans garantie pour 2025, elle ne satisfait pas complètement les agriculteurs.
Elle débutera au 1ᵉʳ octobre. Le ministère de l’Agriculture intérimaire a annoncé financer “à 70% les coups générés par les trois premiers mois” de cette campagne. Soit jusqu’en décembre. “Et en janvier, on fait quoi ?”, regrette Sébastien Lacoste, président de commission palmipède à la FDSEA des Landes.
Baisse de la prise en charge
Cette prise en charge partielle de la campagne était déjà mise en place l’année dernière. “Plus de 50 millions de canards ont ainsi fait l’objet d’une vaccination contre l’IAHP”, annonce, dans un communiqué, le gouvernement. Elle est d’ailleurs obligatoire pour les élevages de plus de 250 animaux, depuis 2023.
Une vaccination massive qui s’expliquait alors, notamment, par la part prise en charge par le gouvernement, à hauteur de 80% des coûts. Aujourd’hui, elle n’est plus qu'à 70%. Une baisse que le ministre de l’Agriculture justifie par le souhait de voir la filière prendre peu à peu en charge cette vaccination, ajoutant que "l'État a pris en charge pour près d'un milliard d'euros. C'est bien normal, sinon cette filière aurait disparu en France”.
Dans tous les cas, un an de vaccination coûte moins cher qu’une grippe.
Sébastien Laporteprésident de commission palmipède à la FDSEA des Landes
Du côté des éleveurs, la réaction est mitigée. “L’État avait annoncé qu’il s’engagerait moins fort, c’est le cas. 80% ça couvrait tous les frais avec un reste à charge de 15% pour les agriculteurs”, regrette Sébastien Laporte, qui se réjouit tout de même que la campagne soit renouvelée.
"En janvier, on fait quoi ?"
Avec un démarrage dans un peu plus d’un mois, l’opération est déjà prête à être lancée. Au total, 67,25 millions de doses de vaccins ont été commandées par le gouvernement, au début de l’été. Deux laboratoires sont en charge de fabriquer ces vaccins : Ceva Santé Animale et Boehringer Ingelheim Animal Health.
C’est une annonce à moitié.
Sébastien Laporteprésident de commission palmipède à la FDSEA des Landes
Si la date de décembre a été choisie, c’est que, selon l’agriculteur, “le gouvernement démissionnaire ne pouvait pas s’engager plus loin, avec la nomination entre-temps d’un nouveau gouvernement”. Une situation qui inquiète les professionnels de la filière “On fait quoi ensuite en janvier ? La grippe va pas s’arrêter d’un coup”, rappelle-t-il.
Même constat quant à son annonce. “On en avait déjà parlé en juin, mais depuis, tout est en suspens. Il n’y a rien eu de l’été, alors que nous, on n’a pas pris de vacances”, martèle Sébastien Laporte. “Les vaccins sont déjà commandés.” Ils espèrent désormais de nouvelles annonces “à l’automne” de la part du nouveau gouvernement pour poursuivre cette campagne, en 2025.
Dix foyers depuis 2023
Selon le gouvernement, la campagne de l’année dernière a porté ses fruits. “Seule une dizaine de foyers ont été détectés depuis l’automne 2023”, précise-t-il dans un communiqué. Pour ces éleveurs, la vaccination leur a permis de vivre une année “moins catastrophique” que les précédentes. “C’est un grand bol d’air pour les agriculteurs, parce que ça a fonctionné”, se réjouit-il.
En France, deux foyers ont été détectés, en Bretagne. “Aucun des deux n’était vacciné : l’un parce qu’il a moins de 250 animaux, l’autre parce qu’il s’agit de pintades”, précise Sébastien Laporte. Si le premier foyer avait été détecté depuis le 16 janvier, le second date du 12 août dernier.
Présente à chaque hiver, l’épidémie a poussé le pays à euthanasier des dizaines de millions de volailles ces dernières années. Les pertes économiques se chiffrent en milliards d'euros.