"Soit je réduis la production, soit je m’arrête". À 0,45 € le litre, les éleveurs laitiers prédisent la fin de leur profession

Les effectifs d’éleveurs laitiers ont baissé de 27 % entre 2010 et 2020 d’après la chambre d’agriculture nationale. Des chiffres qui s’expliquent par le manque d’attractivité d’une profession compliquée et peu rémunératrice. Malgré ça, certains passionnés résistent, comme Fabrice Ducasse, éleveur à Bégaar dans les Landes.

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Fabrice Ducasse démarre sa journée de travail dès sept heures du matin. De nombreuses tâches attendent l’éleveur de vaches laitières, qui ne passe pas moins de 16 heures par jour au travail. "Il faut les traire, puis le reste de la journée, il faut les nourrir, les pailler et il faut aussi préparer les cultures". Un volume horaire conséquent qui s’explique un manque d’employés.

Manque de main d'œuvre

Dans son exploitation située sur la petite commune de Bégaar dans les Landes, celui qui a repris l’entreprise familiale en 2005 doit s’occuper de 100 vaches sur 89 hectares. Une grosse tâche qui nécessiterait plus de main-d’œuvre. "Il faudrait qu’on soit quatre personnes pour pouvoir se relayer, il faudrait deux équipes de deux, je pense". Problème, l’éleveur n’a pas les moyens nécessaires pour payer des employés, il se contente donc de l’aide d’un apprenti et de stagiaires, qu’il recrute ponctuellement.

J’avais comme objectif de pouvoir embaucher mais je n’ai pas les ressources financières nécessaires.

Fabrice Ducasse

éleveur de vaches laitières

En tant qu’éleveur de vaches laitières, ses revenus dépendent en grande partie du prix de vente du lait qui se situe aux alentours de 45 centimes. Un prix insuffisant pour l’éleveur qui pointe la concurrence étrangère. "On ouvre les portes à pas mal de marchés extérieurs, comme la Nouvelle-Zélande, qui exporte 90 % de son lait, et ça m’interroge."

Une profession en danger

Épuisé par ses plus de 6 000 heures de travail annuelles, Fabrice se pose des questions quant à la suite. "Je suis dans un virage :  soit je réduis la production laitière, soit je m’arrête. Mais ça, je ne m’imagine pas encore". Comme lui, de nombreux éleveurs réfléchissent à quitter la profession s’ils ne l’ont pas déjà fait, comme l’explique son père Michel Ducasse.

Dans les années 80, la filière lait comptait 2 000 éleveurs dans le département. Il n’y en a plus que 50 maintenant.

Michel Ducasse

Eleveur de vaches laitières retraité

Un chiffre qui risque de continuer de baisser "Il y en a pas mal qui s’interrogent pour savoir s’ils doivent continuer". Si les éleveurs ne cessent de quitter la profession, c’est parce qu’ils ont le sentiment de ne pas être rétribués à leur juste valeur, poursuit Michel Ducasse. "Il y a beaucoup de contraintes et elles ne sont pas suffisamment rémunérées".

Redonner de l'attractivité au métier

Des difficultés financières qui s’accumulent, d’autant que les charges ne cessent d’augmenter depuis le début de la guerre en Ukraine notamment, affaiblissant encore un peu les éleveurs. Mais pas question de baisser les bras pour Fabrice. Ce passionné préfère rester positif et croire en cette profession.

Il y a du boulot, il y a des jeunes intéressés, donc je veux croire qu’il y a de l’avenir.

Fabrice Ducasse

Eleveur de vaches laitières

Même s’il est conscient que la prospérité du métier devra passer par des changements et par des offres plus attractives. "Il faudrait peut-être donner des coups de pouce à l’embauche, nous aider à embaucher des jeunes. Il faudrait rendre le boulot attrayant, je ne sais pas, pouvoir travailler quatre jours par semaine par exemple", avance-t-il.

De nombreux changements devront donc être effectués à l'avenir, pour éviter que la profession ne s'éteigne. 

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