Violences sexuelles. "Un auteur sur deux est mineur" rappelle Sébastien Boueilh, nouveau président de la Ciivise

Le rugbyman, fondateur de l’association "Colosse aux pieds d’argile", prend la tête de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Après l'écoute des victimes, il souhaite un passage à l'action, et notamment la prévention des violences de mineurs sur des mineurs.

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Il a connu des viols dans son enfance, commis par son éducateur, également mari de sa cousine. Des actes répétés et réguliers, commis dans les années 80 et 90, dont il n'a parlé que dix-huit ans plus tard. 

Aujourd'hui, Sébastien Boueilh lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants. Le rugbyman monte, il y a 10 ans, une association "Colosse aux pieds d’argile ", née de sa volonté de briser l’omerta concernant les violences sexuelles dans le sport. Une action courageuse avec de forts retentissements dans le monde sportif. Lundi 11 décembre, le Landais a été nommé à la tête de la Ciivise, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. 

Une "reconnaissance" 

"C’est une reconnaissance et surtout un gage de confiance que m’a donné Charlotte Caubel", commente Sébastien Boueilh après sa nomination par la Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'Enfance, à la tête de la Ciivise. "Elle a trouvé que mes compétences et mon engagement marchaient avec les nouvelles missions confiées à la Ciivise dans cette phase opérationnelle."

Après avoir rappelé qu'il était déjà membre de la Ciivise durant ces trois premières années, l'ex talonneur se réjouit de voir à quel point le traitement des violences sexuelles faites aux enfants s'est amélioré, essentiellement ces cinq dernières années. Il tient à saluer le travail de ses prédécesseurs, Nathalie Matthieu et Edouard Durand, qui ont su "donner à cette commission une aura nationale". Un engagement qui a enjoint 30 000 victimes à se signaler et "nous a permis d’avoir des préconisations pertinentes", poursuit-il.

"La honte est en train de changer de camp"

Sébastien Boueilh se réjouit surtout aujourd'hui de voir le thème des violences sexuelles abordé plus librement et évoqué avec considération par les différents interlocuteurs.  "Le sujet est traité de plus en plus par les médias, qu’on peut saluer. Ils se font échos de ces nombreuses victimes", avance-t-il. Et, comme toujours, il en revient aux victimes et aux préjudices qu'elles ont subis " Grâce à de grands témoins, la honte est en train de changer de camp, on ne peut que le saluer". Pour autant, la tâche reste immense. 

La parole se libère, les victimes parlent, mais il va falloir maintenant que l’Etat les entende en renforçant ses services. 

Sébastien Boueilh

Président de la Ciivise

Une reprise de flambeau dans la tourmente

Après trois ans de bons et loyaux services du juge aux enfants Édouard Durand et de sa co-présidente Nathalie Matthieu, leur départ, annoncé par voie de communiqué par Charlotte Caubel, est mal perçu par de nombreuses associations et professionnels. Pour beaucoup, c'est le parti pris de l'ancienne présidence, qui avait osé critiquer la manière dont la justice traite ce genre d'abus, qui a été sanctionné.

Le nouveau président se veut rassurant. "On peut lire un sentiment d’abandon des victimes, parce que le juge Durand a été dessaisi, note-t-il. Je comprends : il y avait beaucoup d’attentes des victimes majeures par rapport à cette Ciivise qui avait une mission de trois ans, Les missions ont changé : cette commission passe dans une phase opérationnelle", atteste-t-il. 

Moi, en tant que victime, je n’ai jamais abandonné une victime 

Sébastien Boueilh

Président de la Ciivise

Sébastien Boueilh se dit également très confiant du binôme qu'il forme désormais avec sa coprésidente Caroline Rey-Salmon, pédiatre et experte judiciaire. "Elle a la théorie et moi, j'ai la pratique, c’est ce qui fait la complémentarité de notre binôme. On est assez alignés sur pas mal de choses, c’est ce qui fera notre force".

Un accompagnement gratuit

Après l'écoute, l'action ? Pendant près de deux ans, la Commission a recueilli la parole des victimes, les invitant à se signaler partout sur le territoire national. La Ciivise va désormais passer dans une phase d'accompagnement des victimes, avec un suivi psychologique et juridique. Et mettre en place un travail de prospection pour identifier des associations sur tout le territoire, avec comme exigence, au-delà de leurs compétences, un modèle d’accompagnement gratuit.  "La parole est entendue, maintenant, il faut que l’État prenne en charge ces victimes", assène le nouveau président. 

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Aider les mineurs victimes d'abus 

De nombreux témoignages recueillis par la Commission venaient de victimes, désormais majeures. La nouvelle présidence souhaite à présent donner un nouvel objectif à cette commission. "On veut écouter les victimes mineures d’aujourd'hui. On veut essayer de comprendre pourquoi elles ont parlé. Ce qui fonctionne, et ce qui ne fonctionne pas".

Différents moyens ont été mis à la portée des enfants pour les sensibiliser et les faire réagir face aux violences qu'ils ont pu subir : prévention dans les écoles, diffusion d'affaire dans les médias, traitement différent par un dessin animé ou enfin, diffusion massive du numéro d'écoute et de signalement, le 119. L'objectif affiché étant de faire un véritable état des lieux, pour comprendre et dispenser des formations adaptées dans toutes les régions.  

La Ciivise va s'engager dans une phase opérationnelle en traitant le sujet dans sa globalité, assure Sébastien Boueilh qui détaille les différents axes : "violences sexuelles de mineurs sur mineurs, vulnérabilité des enfants en situation de handicap, violences sexuelles dans l'espace numérique, dans les milieux familial, éducatif, sportif, culturel, institutionnel, religieux... ", énumère-t-il en référence à la nouvelle feuille de route décidée par le gouvernement.

Un auteur de violence sur deux est mineur.

Sébastien Boueilh

Président de la Civiise

"Ces violences perpétrées par des mineurs s’amplifient, il faut comprendre pourquoi" poursuit-il tout en soulignant l’accès facilité à la pornographie, qui peut contribuer au passage à l’acte de mineur sur mineur.

Une volonté chevillée au corps 

Cette feuille de route n'effraie pas Sébastien Boueilh, qui repense à l'enfant victime qu'il a lui-même été. "J’ai envie de dire merci au petit Sébastien de me faire confiance", commente le nouveau président, qui assure que son engagement sera total. "Je sais ce que c’est d’être victime. Comme moi, on peut s’en sortir". Le Landais veut transmettre son optimisme : " On ne sait jamais ce que le passé nous réserve, moi, il me réserve de belles choses. Je l’ai tatoué sur l’avant-bras ce slogan". 

C’est une partie de ma résilience et de mon combat. Je vais tout donner pendant le temps qu’il m’est accordé. 

Sébastien Boueilh

Président de la Civiise

La nouvelle feuille de route de la Commission devrait être présentée le 16 janvier prochain. 

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