Procès des etarras présumés à Paris : trahis par leurs odeurs

Depuis une semaine, les etarras soupçonnés d'avoir assassiné en 2007 deux jeunes gardes civils espagnols à Capbreton (Landes), sont jugés devant les assises spéciales de Paris. Une technique de la police scientifique, l'odorologie, pourraient les confondre à cause de leurs odeurs corporelles...

Les trois membres présumés de l'organisation séparatiste basque ETA comparaissent pour l'assassinat de Raul Centeno Bayon (24 ans) et Fernando Trapero Blazquez (23 ans), tués chacun d'une balle dans la tête dans leur voiture de fonctions en décembre 2007.

Aujourd'hui, en l'absence d'empreintes ou de témoin direct, le procès a confirmé l'importance de l'identification de prélèvements d'odeur corporelle par quatre chiens de la police spécialisée, qui pointent les trois accusés.
La méthode dite d'odorologie, utilisée lors de l'enquête, est nouvelle et encore mal connue, y compris de beaucoup de magistrats, ce qu'ont confirmé les questions posées lundi par la présidente des assises spéciales, Xavière Siméoni, ainsi que par d'autres membres de la cour et l'avocat général.

L'odorologie

Elle a été importée de Hongrie et est opérationnelle en France depuis 2000 au sein de la sous-direction de la police technique et scientifique d'Ecully (Rhône). La technique consiste à prélever, à l'aide de tissus (importés de Hongrie) des odeurs corporelles laissées sur tout support.
Dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat des gardes civils, il s'agit en l'occurrence des chaises de la
cafétéria attenante au parking où a été commis le double assassinat. On y a prélevé des odeurs sur des bandes de tissus qui ont été placées en bocaux stérilisés et qui attendaient sagement qu'un suspect soit interpellé.

Une technique qui peut confirmer ou infirmer une enquête

L'auteur présumé des faits doit alors froisser avec ses mains des tissus vierges durant dix minutes, ce qui permet de constituer un échantillon à comparer. Lors d'un examen au protocole strict, deux chiens doivent, chacun à leur tour, sentir l'odeur du tissu prélevé sur le lieu de l'infraction. Cinq bocaux, dont un contenant le tissu touché par le suspect, sont ensuite placés en ligne devant chaque chien. S'il reconnaît l'odeur, il se couche à côté du bocal concerné.
L'opération est renouvelée deux fois pour chaque chien. Si les deux chiens retiennent deux fois chacun la même odeur, l'identification est considérée comme concluante.

Odeurs prélevée sur les chaises

Dans le cas de l'assassinat des deux gardes civils espagnols à Capbreton en décembre 2007, les odeurs de Mikel Kabikoitz Carrera Sarobe, Saioa Sanchez Iturregui et Asier Bengoa Lopez de Armentia ont été reconnues par Dunak, Rexy, Yolan et Cartmen,les chiens du centre utilisés pour le test.
Un témoin a pu identifier Mme Sanchez Iturregui sur les lieux, mais personne n'a pu reconnaître les deux autres suspects et aucune empreinte digitale ou trace ADN n'a pu être exploitée pour confondre les auteurs.
De ce fait, l'identification odorologique occupe un rôle central dans les résultats de l'enquête.

Selon certains, la question de la fiabilité de ce procédé reste posé. Pour Me Jean-François Blanco, avocat de M. Bengoa Lopez de Armentia, elle ne saurait "en aucun cas" constituer une preuve judiciaire, a-t-il fait valoir à l'AFP. Pourtant, nous avons tous une odeur corporelle qui nous est propre aussi singulière que peut l'être nos empreintes génétiques. Nous y portons nos caractéristiques génétiques reconnaissables par le flair des chiens. C'est pourquoi Olivier Bregeras, responsable des identifications d'odeur humaine au sein de la sous-direction de la police technique et scientifique a assuré lors de l'audience : "Il n'y a pas d'erreur possible". Car, pour lui : "l'odeur est présente ou elle ne l'est pas". 

L'équipe de cinq personnes qui travaille sous ses ordres compte un ingénieur, qui a agrégé toutes les publications répertoriées sur le sujet. Toutes montrent que l'odeur humaine a "une empreinte propre et individuelle", qui ne peut être confondue avec aucune autre, selon lui. 
Pour en savoir plus sur le travail des équipes d'odorologie, regardez le reportage de France 2.

Une validation scientifique

L'unité de M. Bregeras est engagée dans un travail avec un laboratoire de neuro-science du CNRS de Lyon, qui doit donner lieu à une publication d'ici la fin du premier semestre 2013, a indiqué M. Bregeras, ce qui apporterait une validation scientifique au projet. Mais pour l'heure c'est une technique qui est déjà utilisée par la police scientifique et dont les résultats sont régulièrement présentés devant les assise provocant parfois des aveux de dernières minutes...



Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité