Ce ne fut ni le plus brillant, ni le plus bouillant des 99 « classico » entre les deux rivaux historiques, mais au moins, dans son marasme actuel, Limoges aura su s’imposer face à Pau, 79-76.
« Avec le temps va tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le cœur quand ça bat plus c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin faut laisser faire et c'est très bien… »
Ce n’est pas de la nostalgie. Non, ces paroles de Ferré, tout simplement, « collent » parfaitement à la rencontre qu’ont livrée ce lundi soir limougeauds et palois, loin du temps où cette confrontation sentait le souffre et le sang, où Beaublanc se transformait en chaudron.
Le Palais des sports fut plutôt une sage et policée cuvette. A peine fut-il troublé par quelques fumigènes à l’arrivée des Ultras Green de Limoges, qui déployèrent également cette banderole, cruelle pour qui connaît ses classiques des Limoges-Pau : « COMME VOUS, ON EST EN VACANCES…PAS DE TIFO » !
Certes, les palois eurent droit à leur bronca, lors de leur échauffement. Certes, Ali Traoré eut droit à ses sifflets, lors de sa présentation. Mais ce furent presque les seules manifestations éruptives d’un Beaublanc calme comme sans doute jamais lors d’un tel match.
Limoges laisse le premier quart d'un rien !
La faute, peut-être et justement…au match. Il débuta, côté limougeaud, avec un 5 inhabituel : Boungou-colo, Camara, Diawara, Gatens et McCalebb ! Le CSP prenait d’entrée l’avantage, mais encaissait un 7-0 de sinistre augure, avec un épatant Wilfried Yeguete côté béarnais. Toutefois, les hommes de Dusko Vujosevic se ressaisissaient, et ne devaient laisser ce premier quart aux visiteurs, 15-16, que par la faute d’un trois points palois marqué au buzzer.
Limoges se bat pour virer en tête !
Dès l’entame du deuxième quart, Ali Traoré, décidemment dopé quand Beaublanc le siffle, marquait deux fois coup sur coup, et Limoges reprenait la tête. Provisoirement, car Pau revenait, repassait devant, avant que le CSP n’en fasse de même. Gentil chassé croisé, où l’adresse des deux équipes n’était guère au rendez-vous, mais où Limoges, après avoir souffert au rebond, notamment offensif à l’entame, relevait la tête dans ce secteur. Et porté donc par Traoré et par McCalebb, les locaux viraient en tête à la pause, d’un point, 34-33, après encore un shoot au buzzer, mais cette fois de McCalebb justement.
Échaudé par trop de précédents, Beaublanc ne se laissait pas aller, comme s’il craignait de vivre l’effondrement des siens dans le troisième quart, sinon une marque de fabrique, du moins une certaine habitude cette saison…
Limoges impérial !
Or il n’en fut rien, bien au contraire ! Solides en défense, poussant même plusieurs fois les palois au terme des 24 secondes, toujours souverains aux rebonds, retrouvant enfin un peu de leurs shoots lointains, et démontrant combativité et solidarité, les limougeauds prenaient l’ascendant, portant leur avance à +10 à la 25ème minute (49-39) ! Avec presque uniquement trois gâchettes, Pau limitait un temps la casse, mais rendait tout de même 9 longueurs à Limoges (56-47), avant d’entamer les dix dernières minutes !
Limoges se fait peur !
Dix minutes qui auraient pu être fatales à Limoges !
Au départ, l’écart n’évoluait guère, le CSP le portant même à +11 (60-49) à la 32ème. Mais insidieusement, avec un Mickaël Thompson de feu (26 points au final, meilleur marqueur, 23
d’évaluation, à égalité avec Yeguette), Pau revint, 62-58, près de deux minutes plus tard ! C’est alors qu’à trois points, Léo Westermann d’abord, puis Heiko Schaffartzik par deux fois ensuite, semblèrent sceller la rencontre (73-62, et 2’30’’ à jouer). Beaublanc, plus timide que calme, ne semblait y croire… Sagesse ou résignation ? Toujours est-il que ces deux dernières minutes, irrespirables, faillir laisser Pau revenir !
75-67 à 1’35’’, 75-71 à 0’39’’, 77-73 à 0’10’’, il était plus que temps que cela se termine. D’autant que le dernier shoot fut palois et à trois points…mais au buzzer, trop tard ! 79-76, Limoges l’emportait donc.
Beaublanc comme indifférent !
Et dernière curiosité de cette soirée (mais cette saison ne l’est-elle pas déjà trop), ni cri ni exultation ne descendirent de Beaublanc, rien que quelques applaudissements polis !
C’est dire que même une victoire face à Pau ne peut masquer tant de gâchis, ne redonner une vraie fierté, ne rendre une vraie âme ! On n’ose d’ailleurs penser à ce qu’il se serait passé si le résultat avait été inverse…
« Faut laisser faire et c'est très bien… », résumé d’un banal Limoges-Pau !